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Billet de blog 7 octobre 2025

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Ces otages palestiniens dont on a si peu parlé

Deux poids, deux mesures. On a parlé à raison des otages israéliens mais on a vraiment peu parlé des détenus palestiniens, comme s'ils ne comptaient pas. La barbarie, c'est aussi de contribuer à consacrer l'idée d'une inégalité des vies. Nos gros médias s'y emploient largement.

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Ici et là, les activistes de la Global Sumud Flotilla ayant approché un micro en ont parlé : leurs conditions de détention étaient barbares. Cependant ils insistent sur un point : le sort qui leur a été réservé n'est pas comparable à celui des Palestiniens.

Outre que cela devrait mettre un terme - on peut l'espérer mais on n'est sûr de rien tant ces plumes sont trempées dans la bassesse - aux commentaires sur des passagers de navires ne prenant aucun risque et se préoccupant moins des Palestiniens que d'eux-mêmes, cet épisode pourrait occasionner une mise en lumière, largement absente de notre espace médiatique depuis le 7 octobre 2023, de la situation des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.

S'intéresser aux tortures, aux violences sexuelles et aux humiliations auxquels ils ont droit, ce n'est pas, que je sache, minorer quoi que ce soit du sort réservé par le Hamas aux otages du "7 octobre". Mais voilà : bien que les tortures infligées aux prisonniers palestiniens aient été documentées et que des détenus meurent dans les prisons israéliennes, que les enfants n'y soient pas épargnés, on a peu entendu - c'est le moins que l'on puisse dire - nos éditorialistes et autres commentateurs publics s'en faire l'écho.

Jusqu'au bout ces intervenants au débat public continueront à "tenir", autant qu'ils le peuvent, un récit qui place Israël du côté de la civilisation et les Palestiniens du côté de la barbarie, malgré les aménagements à ce récit auxquels oblige, tout de même, le poids d'un réel qu'il est chaque jour moins possible de continuer à ignorer.

Jusqu'au bout, en d'autres termes, se maintiendra le racisme. Jusqu'au bout ces gens nous montrerons que pour eux une vie n'égale pas une vie, qu'il y a des otages qui comptent et d'autres qui ne comptent pas.

Il est temps, il est infiniment temps que notre débat public se préoccupe, aussi, des otages palestiniens. 

Frédéric Debomy

P. S. Si les Français injustement détenus en Iran étaient libérés, ce que je leur souhaite, nul doute qu'ils seraient invités à commenter leur détention sur tous les plateaux. Je doute que, du service public aux médias des ultra-riches, notre petit monde médiatique si prompt à saper notre (forme imparfaite de) démocratie se montre désireux d'offrir une tribune aux activistes de la flottille. Ce au moins pour deux raisons : ne pas donner un large écho à des propos rendant compte de la réalité des prisons israéliennes ; ne pas risquer qu'une part importante du public prenne conscience du courage de militants de la France insoumise. Mieux vaut employer son énergie à s'indigner de la condamnation de Nicolas Sarkozy, sans avoir pourtant suivi le procès ni être juriste. 

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