Le 7 mai, une humoriste, Sophia Aram, aura mis l'accent sur les souffrances israéliennes provoquées par l'attaque du 7 octobre 2023 et la détention d'otages par le Hamas lors de la cérémonie des Molières, évoquant un "silence assourdissant" du milieu de la culture (comme l'on dit) s'agissant de ces victimes. Elle aurait pu évoquer aussi le "silence assourdissant" du même monde (un silence il me semble plus marqué) envers les victimes palestiniennes de l'État d'Israël (au moins plus de 28 fois plus nombreuses) mais non. De ces victimes là, en pleine offensive d'Israël à Rafah, elle ne dit quasiment rien : "comment être solidaire des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ?" Ainsi ce sont toujours les victimes israéliennes, même infiniment moins nombreuses, qui priment.
"Comment exiger d'Israël le cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ?" Est-ce à dire qu'Israël est en droit de continuer à tuer des civils tant que les otages israéliens ne seront pas libérés ? Aram considèrerait-elle justifié que le Hamas multiplie les 7 octobre jusqu'à ce que les Palestiniens injustement détenus par Israël (voir post-scriptum) soient libérés ? Pas moi, et aucun individu soucieux des droits humains ne le pourrait.
Sophia Aram a précisément justifié son propos par son attachement aux droits humains. Soyons net : aucune ONG de défense des droits de l'homme ne tiendra ni n'approuvera jamais un tel discours.
Frédéric Debomy
P.S. La détention d'un grand nombre de Palestiniens est jugée "arbitraire" par l’ONU, qui épinglait les conditions d’incarcération d’Israël dans un rapport de juin 2023 : "Les Palestiniens sont souvent présumés coupables sans preuve, arrêtés sans mandat, détenus sans inculpation ni procès et brutalisés dans les prisons israéliennes". Sophia Aram est-elle au courant ?