Ils étaient bien habillés et maîtrisaient leur élocution, nombreux étaient dès lors ceux qui ne pouvaient se les figurer en barbares.
Parce qu'ils ne voulaient pas voir, ils ne voulaient pas que l'on voit : leur attachement aveugle à Israël était la mesure de toute chose et si cet attachement devait entraîner le sacrifice de dizaines de milliers d'être humains, il l'entraînerait.
Ils avaient, comme chacun, les informations nécessaires et ils firent l'objet de critiques, qui auraient pu leur permettre d'ouvrir les yeux : rien n'y fit, ils persévérèrent, animés semble-t-il d'une seule mission, discréditer et combattre tous ceux qui voulaient que cessent les massacres.
Ils revendiquèrent même d'être ceux qui, dans cette affaire, étaient humains. Lorsque le doute survint finalement, et faiblement, du moins chez certains d'entre eux, ou que ce fut la crainte d'une mauvaise réputation qui les inquiéta, on les vit presque s'auto-absoudre, pleins d'amour pour eux-mêmes.
Puis ils poursuivirent leurs existences de ressortissants d'un pays privilégié, touchés ni par la famine ni par les bombardements. Secrètement gênés peut-être d'avoir contribué à ce que d'autres, parfois à peine nés, n'aient pas eu le même droit à une vie longue.
Les plus dégueulasses prodiguèrent encore des leçons de morale.
Frédéric Debomy