Rima Hassan "s’en fiche complètement des Palestiniens", déclare l’ambassadeur d’Israël en France, expert sans doute en souci de ces derniers puisque représentant d’un État occupé non seulement à les chasser de leurs terres mais aussi à les bombarder et à les affamer.
Cela se passe sur RTL ce vendredi et l’interviewer du diplomate le reprend peu : Rima Hassan, dit l'ambassadeur Joshua Zarka, "fait un exercice de com".
Je n’ai pas remarqué que nos médias mainstream accordaient à l’ambassadeur de Russie en France, dans leurs programmes, une place comparable à celle qui est accordée à son homologue israélien. Tant mieux, je n’ai pas envie de l’entendre.
Mais je n’ai pas envie d’entendre Joshua Zarka non plus. Ce n’est pas le refus de l’information contradictoire, certes toujours nécessaire : c’est la lassitude devant la propagande des États meurtriers.
Imaginons en outre qu’une jeune femme comparable à Rima Hassan ait pris, pour défier la Russie par solidarité avec les Ukrainiens, des risques comparables à ceux que cette dernière et ses compagnons, quoi qu’en disent les malhonnêtes, ont pris : aurait-on largement parlé de ci de là d’une "opération d’autopromotion", de "selfies" ou, comme l’ont osé parmi d’autres le premier ministre et le ministre des affaires étrangères (d’un gouvernement il est vrai sans légitimité au vu du résultat des dernières élections donc qu’en attendre ?), d’"instrumentalisation" ?
Bien sûr le fait que Rima Hassan soit membre d'une formation politique d'opposition explique en partie qu’elle n’ait pas eu droit aux honneurs réservés en d’autres circonstances à des Français.e.s ayant fait montre à l’étranger de leur courage (accueil à l’aéroport par le président de la République etc.), indépendamment du fait qu’être félicités par Macron aurait sans doute laissé les membres français de l’équipage du Madleen de marbre, mais il y a sans doute davantage que cela.
Pour comprendre la place laissée dans nos médias à la propagande israélienne, la diffamation permanente des opposants au massacre et la fixation haineuse de beaucoup sur la militante franco-palestinienne qu’est Hassan, il y a sans doute une explication toute simple, suggérée par Greta Thunberg lors de son retour de détention, lorsqu’on lui demandait son hypothèse sur le manque de solidarité envers les Palestiniens : le racisme.
Le même qui s’était notamment fait jour lorsque l’on avait observé le traitement différencié réservé aux exilés ukrainiens par rapport à des exilés non-occidentaux, comme si certains avaient droit à notre sollicitude et d’autres non.
Cette question du racisme, la France et plus largement l’Occident ne pourront pas infiniment la contourner.
Frédéric Debomy
L’intervention de l’ambassadeur d’Israël sur RTL et la faible contradiction qui lui est apportée :
https://www.dailymotion.com/video/x9lad5i
Et, infiniment plus agréables, les propos de Greta Thunberg ("une petite fille qui ne comprend rien à ce qui se passe" selon Joshua Zarka sur Europe 1 il y a deux jours, allons-y pour la misogynie) à son retour de détention illégale par Israël :