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Billet de blog 14 mai 2025

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Violence

On entendit pendant des mois que la violence était, sous une forme ou une autre, une caractéristique de ceux qui se mobilisaient pour que cesse le massacre des Palestiniens. Une violence s'exprime pourtant aujourd'hui qui n'est pas la leur.

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Voilà que des personnalités juives, pour avoir simplement dit qu'annihiler un peuple n'était pas acceptable, sont violemment prises à partie par d'autres juifs les considérant comme des traîtres.

Ils expérimentent ainsi ce qu'ont pu expérimenter ceux qu'ils avaient eux-mêmes contribué à vouer aux gémonies. Visiblement, pourtant, ils ne sont pas encore prêts à admettre que ceux dont ils subissent la violence, ils leur ressemblaient et leur ressemblent encore, cultivant toujours cette représentation d'un "nous" exposé à un dehors barbare.

Ils n'admettent pas encore (et n'admettront peut-être jamais) que leur tendance à confondre la critique d'Israël avec de l'antisémitisme mérite l'examen, et qu'il est vain de se réfugier, pour ne pas voir la nécessité de cet examen, derrière le fait que l'on trouvera, oui, j'en suis d'accord, ici ou là un défenseur des Palestiniens qui soit antisémite. Ce qui n'autorise nullement leur tendance, marquée, à la généralisation.

Il apparaît maintenant que dans leur monde à eux, celui où la critique d'Israël est à peine tolérable, ou pas tolérable du tout, affamer des enfants n'a aucune importance tandis que dénoncer cette utilisation de la faim comme une arme de guerre est intolérable. 

Et ce monde là n'est pas le monde juif (n'en déplaise au premier antisémite opportuniste venu) : c'en est une portion, celle qu'apparemment ils habitent et qui aujourd'hui leur en veut. Celle qui ne s'est pas mobilisée contre l'idée d'un nouveau massacre, à la différence d'autres juifs autrement habités par l'histoire douloureuse de leur peuple ou simplement doués d'humanité. 

Qu'ils restent donc avec leur monde, et s'en débrouillent. 

Pour ma part je continuerai d'habiter avec joie un autre monde, fait de juifs et de non-juifs, d'athées et de musulmans, et d'autres gens encore, où l'on est réuni par la certitude qu'affamer des enfants est une infamie et où l'on a pas besoin qu'il se passe un an et demi et qu'il y ait plus de cinquante mille morts pour dénoncer un massacre.

Frédéric Debomy

P. S. J'écris "Qu'ils se débrouillent avec leur monde" sous la colère mais en vérité qu'ils soient l'objet d'une telle hostilité ne m'amuse pas et ne rassure pas. 

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