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Billet de blog 16 juillet 2025

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Prétentieux, duplice et vain : Emmanuel Macron, Israël et la Palestine

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"L’un des sujets les plus bouleversants." Interrogé sur la situation dans la bande de Gaza, le mardi 13 mai 2025 au soir sur TF1, le président de la République avait estimé que ce que faisait "aujourd'hui le gouvernement de Benyamin Nétanyahou [était] inacceptable" et même "une honte".

Dès lors, il affirmait que son "boulot" était de "tout faire pour que ça s'arrête".

Son boulot ? Emmanuel Macron, dirigeant de l'un des presque 200 pays existants, pense-t-il être le gendarme du monde ?

Il est certain qu'il lui revient néanmoins de faire sa part. Au lieu de quoi on le voit reculer sur la promesse de reconnaissance par la France d'un État palestinien. Au lieu de quoi Nétanyahou a survolé le pays que Macron dirige sans être arrêté et déféré devant la Cour pénale internationale qui a pourtant émis contre lui un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Au lieu de quoi l'exécutif français (je ne veux pas dire "la France" car je ne me reconnais pas en ces gens) n'a pas été à la hauteur des enjeux lors de la réunion des "27" relative à l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël et sa possible suspension, bien que l'UE ait reconnu la violation par Israël des termes de cet accord (il suppose qu'Israël ne commette pas d'atteintes aux droits humains). Au lieu de quoi la France a contribué, par des livraisons, à l'effort de guerre israélien... si l'on peut encore appeler cela une guerre.

Tandis que la France viole ses obligations juridiques internationales, le Bélize (qui s'est depuis retiré), la Bolivie, la Colombie, Cuba, le Honduras, la Malaisie, la Namibie, le Sénégal et l’Afrique du Sud fondent le Groupe de La Haye pour réagir puis l'Afrique du Sud et la Colombie invitent un grand nombre de pays à se joindre à une réunion d'urgence sur la Palestine et sur Gaza en particulier. Le président colombien explique dans les colonnes du Guardian : "En coupant les ponts entre nos tribunaux, nos ports et nos usines, nous pouvons remettre en question la vision de Donald Trump et Nétanyahou d'un monde où “la force prime sur le droit”. Le choix qui s'offre à nous est difficile et impitoyable. Soit, nous défendons fermement les principes juridiques qui visent à prévenir la guerre et les conflits, soit nous assistons, impuissants, à l'effondrement du système international sous le poids d'une politique de puissance incontrôlée. Soyons des acteurs ensemble, et non des suppliants isolés".

Emmanuel Macron nous parle de son boulot, qu'il est incapable de faire, tandis qu'une trentaine d'États (dont des pays européens, mais pas la France) se réunissent en vue d'une action concertée visant des résultats concrets. Le contraste entre les belles paroles du président français et l'incapacité européenne à sanctionner Israël d'une part et l'initiative prise par des pays non-occidentaux pour que l'impunité israélienne cesse d'autre part est frappant.

Si l'urgence est de préserver, après plus de 58 000 morts, un maximum de vies palestiniennes, on aimerait savoir de quelle lucidité font preuve nos dirigeants : imaginent-ils que leur mépris du droit international et plus simplement leur blanc-seing donné, malgré quelques remontrances, aux atrocités israéliennes sera sans conséquence sur le crédit international de la France ?

L'eurodéputée Rima Hassan écrit (sur X aujourd'hui) : "L' union européenne qui se refuse à suspendre l'accord d'association avec Israël pour violation de l'article 2, a suspendu + de 25 accords d'association depuis les années 90 avec des pays tiers pour non respect des droits humains. La lecture politique de ce deux poids deux mesures, d'un côté la domestication des pays anciennement colonisés par les prétendues valeurs démocratiques et humanistes et de l'autre la complicité assumée avec un État qui se calque sur l'histoire coloniale européenne et qui au fond lui ressemble."

Nul doute que notre exécutif, s'il devait réagir à ce commentaire, y réagirait mal. Mais nul doute aussi que cette observation est très partagée au sud du monde et qu'il serait de l'intérêt de la France et d'autres puissances occidentales d'en prendre enfin la mesure.

Frédéric Debomy

Source : 

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250713-bande-de-gaza-plus-de-trente-pays-r%C3%A9unis-%C3%A0-bogota-pour-des-mesures-concr%C3%A8tes-contre-isra%C3%ABl-groupe-de-la-haye

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