À l'instant, une discussion courtoise.
"Je ne suis pas d'accord avec toi."
"On peut ne pas avoir les mêmes opinions."
"Je vois bien que tu es sincère."
Sincère. Mon interlocutrice, au moins, ne m'accuse pas d'être antisémite.
Pour le reste, son discours consiste à dire qu'il n'existe pas de sources entièrement fiables (cependant elle questionne les chiffres du Hamas mais pas les affirmations israéliennes car Israël, dit-elle, ne ment pas). Et puisque la réalité ne peut être entièrement saisie, chacun a bien le droit de camper sur ses positions.
Et de ne pas voir et de ne pas croire.
Et puis, on ne saurait selon elle mettre sur le même plan le "7 octobre" et ce que subissent les Gazaouis depuis. Parce que le "7 octobre", c'était - est-ce que je me rends compte ? - vraiment la barbarie. Avec le Hamas qui met les bébés dans les fours. Elle ne sait pas que cette histoire de bébés dans des fours a été notamment qualifiée par Haaretz de fausse information et que plus personne ne soutient cette fake news. Elle y croit, elle, encore. Elle chiffre mal, aussi, le nombre de victimes du "7 octobre".
Elle ne sait pas grand-chose mais elle est persuadée qu'Israël ne peut être du côté de la barbarie, que son armée est morale et que ses soldats ne sauraient commettre des exactions. Elle me ressort ce que les pro-Israéliens, dont elle est, n'ont de cesse de dire : Israël est une démocratie.
Pour expliquer ce que fait Nétanyahou il faut comprendre qu'il est prisonnier de Ben-Gvir et Smotrich qui certes sont des extrémistes et puis, après le "7 octobre", comment aurait-il pu réagir autrement ? En somme, ce qui se passe à Gaza est bien évidemment regrettable mais c'est quand même un peu une abstraction. Qui ne remet pas en question l'idée qu'Israël rime avec civilisation.
Quand on se demande comment l'on peut laisser advenir le pire (ce pire là comme d'autres pires), la réponse n'est pas très difficile à trouver : l'inclination de chacun à aller vers ses préférences, à croire ce qu'il a envie de croire, est une réalité marquée. Les faits, souvent, n'y peuvent pas grand-chose.
Même, contrairement à ce que l'on souhaiterait croire, le fait de dizaines de milliers de morts et le recours à la faim comme à une arme de guerre.
Ce sont des abstractions, qui ne dérangeront pas les convictions.
Frédéric Debomy