J'écrivais précédemment que soutenir l'idée que l'action armée entreprise par Israël à la suite des attentats du 7 octobre 2023 était juste et nécessaire revenait notamment à mettre en danger les juifs du monde entier. On peut l'écrire sans souhaiter avoir raison. Or deux employés de l'ambassade d'Israël aux États-Unis viennent d'être abattus par un individu disant agir en solidarité avec la Palestine. Outre qu'il s'agit d'un acte inexcusable, il semble à lire la presse que ce couple n'était pas anti-Palestiniens : le tueur les aurait choisis un peu au hasard, sans vraiment les connaître.
Mais voici que je lis sur Instagram la réaction de Delphine Horvilleur : "IGNOBLE attentat à Washington. Aucune Palestine ne se "libère" dans la terreur des innocents. HONTE à ceux qui trouvent des excuses aux assassins." Joann Sfar, également, y a réagi. Or le lendemain de ce double meurtre, les attaques israéliennes auraient tué plus de cinquante personnes à Gaza. Ni Horvilleur ni Sfar n'y réagissent. Pas plus qu'aux attaques des jours précédents. L'un et l'autre se sont contentés, un jour, de faire une sortie sur le fait que Nétanyahou allait à leur avis trop loin et l'affaire est, pour eux, réglée : leur indignation, ils la réservent de nouveau à ceux en qui ils se reconnaissent, montrant à qui en douterait encore que sous leur dehors universaliste ils réagissent aux choses de façon clanique. Deux employés d'une ambassade d'Israël, c'est important (j'en suis d'accord), mais cinquante Palestiniens, visiblement, ça ne l'est pas. Toujours sur le compte Instagram de Delphine Horvilleur, on trouve, juste avant sa réaction à ce double meurtre commis à Washington, un extrait de l'une de ses conversations où elle évoque le poids des mots, précisant même être certaine qu'un mauvais usage de ces derniers pouvait "créer ou détruire des mondes" (c'est dit en anglais). Bien évidemment, elle ne songeait pas, en évoquant cette nécessaire attention à l'emploi des mots, à elle-même...
Frédéric Debomy