Un épisode de plus dans la longue histoire du racisme occidental.
Les vingt-sept ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se sont réunis pour discuter l'éventualité d'une révision de l'accord d'association avec Israël et se sont accordés sur le fait que ce dernier viole l'article 2 de cet accord, qui l'oblige à respecter les droits humains.
Mais suspendre l'accord n'est pas à l'ordre du jour puisque, a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne, "l'objectif n'est pas de punir Israël". Il est donc de punir les Palestiniens.
Cela, du moins, revient à cela. Peut-on imaginer un instant qu'une telle décision aurait été prise si la population massacrée - des dizaines de milliers de morts - avait été une population occidentale ?
Tous les membres de l'UE n'en sont pas responsables : on a vu le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, plaider pour la suspension de l'accord. Il y a donc Européens et Européens.
Mais réunis les membres de l'UE n'ont réussi qu'à faire montre de duplicité en prétendant (dans la déclaration finale) ne pas vouloir punir le bourreau mais se soucier de sa victime : l'objectif serait "d'apporter des améliorations concrètes à la population et à la vie des habitants de Gaza". En renonçant, donc, à mettre sous pression le régime qui les tue.
Une fois encore me reviennent ces quelques lignes de l'historienne Sophie Bessis : "Le paradoxe de l'Occident réside dans sa faculté à produire des universaux, à les ériger au rang d'absolus, à violer avec un fascinant esprit de système les principes qu'il en tire, et à ressentir la nécessité d'élaborer les justifications théoriques de ces violations."
Le monde non-occidental en est certainement, ce soir, encore davantage convaincu.
Frédéric Debomy
Source de la citation : Sophie Bessis, "L'Occident et les autres", La Découverte.