Quelques heures après la sévère défaite des municipales François Hollande vient de nommer Manuel Valls premier ministre. En choisissant la figure la plus droitière du Parti socialiste pour conduire son gouvernement, nous mesurons combien le Président de la République s’est coupé des Français. Le message était pourtant clair. En faisant d’un scrutin municipal un moyen d’expression national, l’électorat de gauche a condamné le « Pacte de responsabilité » et sanctionné deux ans de montée continue du chômage de masse. Autrement dit, les Français attendent la politique de gauche pour laquelle ils ont voté.
Les Français n’ont pas voté pour une « politique de l’offre » et la baisse du « coût du travail » qui n’est que l’autre nom du dumping social. Ils n’ont pas voté, non plus, pour une politique d’austérité préconisant 50 milliards de coupe budgétaire. Partout celle-ci creuse un peu plus les déficits et provoque toujours plus d’exclusion. La revalorisation négligeable des minimas sociaux ne concoure pas à les rassurer ainsi que l'allongement des cotisations retraite. La consommation des ménages en denrées alimentaires recule maintenant pour le 4ème mois consécutif. La crise s’étend un peu plus tous les jours.
Par contre, « l’adversaire », la finance, n’a eu de cesse d’obtenir gain de cause. La séparation des banques de dépôt et des banques d’affaire promise n’a pas eu lieu. La taxe sur les transactions financières au niveau européen est mise à mal. Pendant ce temps, les 500 plus grandes fortunes économiques de France ont augmenté leur patrimoine de 25% en 2013 et la somme des dividendes versés par les entreprises est deux fois et demi supérieure à celle consacrée à l’investissement. Tout cela sous un gouvernement socialiste.
Le plus grave reste encore l’échec de la politique de l’emploi qui n’apporte aucune solution crédible au chômage de masse. « Les chiffres du chômage vont dans la mauvaise direction » a admis le ministre du travail Michel Sapin mais « nous n’allons pas changer de direction ». Pourtant, nous savons que les 30 milliards d’exonérations fiscales accordées aux entreprises ne permettront jamais l’embauche massive pour surmonter le chômage de masse. L’inconséquence de cette politique face à la préoccupation n°1 des Français est suicidaire. Elle ne peut que pousser dans les bras du Front national une population livrée à la désespérance.
En choisissant de reconduire le « Pacte de responsabilité » et en nommant Manuel Valls à Matignon sans concertation, François Hollande tourne le dos aux militants du Parti socialiste qui l’ont porté au pouvoir. Mais aussi à tous les Français qui se sont clairement exprimés en désavouant sa politique économique.
C’est avec la plus grande inquiétude que nous entamons la deuxième partie du quinquennat. Car le modèle de développement défendu par le gouvernement n’est pas seulement à bout de souffle, il rentre aussi en contradiction avec les enjeux de l’époque. Le chômage de masse ne pourra être vaincu sans partage du travail, la crise écologique ne trouvera d’issue sans un engagement résolu dans la transition énergétique et la mise en œuvre d’une économie circulaire. Enfin, les investissements d’avenir ne pourront avoir lieu sans que soit arraisonnée la finance comme l’avait promis François Hollande.
Les membres du Bureau national de la motion 4 n’ont cessé d’alerter la direction du Parti socialiste et d’interpeller les membres du gouvernement. Un texte unitaire « Il n’y a pas qu’une seule politique possible » a rassemblé la signature de plusieurs sensibilités du parti. Rien n’y a fait. La direction du Parti socialiste est restée sourde à nos revendications. Nous demandons solennellement que soient débattues d’urgence les solutions à la crise. Que le Parti socialiste fasse son travail pour devenir force de proposition. Une politique de gauche responsable et courageuse doit être mise en œuvre maintenant.