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Billet de blog 9 novembre 2014

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Vu à la télé

Le Président s'est exprimé en ce jeudi 6 Novembre. Il fallait bien officialiser la trahison de la gauche et, quelque part, François Hollande nous a gratifié à cette occasion de son testament. Nous avons assisté à l’enterrement de tout ce qui pouvait appartenir de près ou de loin à un projet d’émancipation sociale. La démission est actée : les bénéfices de sa politique seront pour ses successeurs. Le changement c'est pour plus tard !

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Le Président s'est exprimé en ce jeudi 6 Novembre. Il fallait bien officialiser la trahison de la gauche et, quelque part, François Hollande nous a gratifié à cette occasion de son testament. Nous avons assisté à l’enterrement de tout ce qui pouvait appartenir de près ou de loin à un projet d’émancipation sociale. La démission est actée : les bénéfices de sa politique seront pour ses successeurs. Le changement c'est pour plus tard ! Les 500 000 chômeurs supplémentaires sous sa présidence peuvent aller se rhabiller, et ne parlons même pas de tous ceux qui espéraient en la gauche pour sortir du chômage de masse et augmenter les salaires. Au lieu de cela, il faudra travailler plus longtemps (allongement des cotisations retraite), et maintenant notre monarque républicain s’est mis en tête de nous faire travailler le dimanche. Remarquons que, dans son immense mansuétude, il aura fait sortir de la première tranche d’imposition ceux dont il s’est révélé incapable d’augmenter les revenus, ajoutant ainsi l’échec à la démission.

Au plus bas dans les enquêtes d'opinion, François Hollande a son catéchisme pour conjurer le mauvais sort : « croissance, compétitivité, emploi ». Le souci c’est que l'on retrouve exactement les mêmes incantations dans la bouche d'Alain Juppé, à la différence près que ce dernier veut aller un peu plus loin dans les coupes budgétaires, un peu plus loin dans la baisse du coût du travail, un peu plus loin dans l'allongement des retraites… bref, un peu plus loin dans tout. Nous sommes dans la surenchère mais la politique est la même. François Hollande aura juste préparé le terrain à la droite qui se chargera de finir le travail.

En attendant, les oligarchies financières peuvent dormir tranquille ; « il n’y aura pas de hausse d’impôt jusqu’à la fin de mon mandat », a promis notre Président. 30% d’augmentation des dividendes cette année, 15 % d’augmentation du patrimoine des 500 plus grosses fortunes de France, record d’Europe du nombre de milliardaires sur le territoire national, mais surtout, n’ayons pas l’indécence de faire contribuer ceux qui finalement sont responsables de la crise. L’austérité, c’est d’abord pour les services sociaux et le budget de l’Etat. A la diète l’Etat providence, confions le destin de la France à ses entreprises qui sont là pour créer de la valeur et de l’emploi. Seulement voilà, la valeur est prélevée par les actionnaires et le volume d’heures travaillées diminue car nous produisons toujours plus avec toujours moins de travail humain. Ce n’est évidemment pas un discours que l’on peut tenir à la télé à une heure où les enfants ne sont pas couchés.

Au passage, François Hollande se sera prêté à l’exercice initié par Sarkozy, qui consiste à répondre à un panel de Français « triés sur le volet », totalement incapable de fournir le moindre argumentaire macro-économique consistant. Notre Président est apparu fringant, enjoué, déterminé à ne pas se laisser déstabiliser par le désastre de son bilan. Il a retenu les leçons de son prédécesseur et lui emprunte les procédés démagogiques les plus pathétiques pour tenter de reconquérir une opinion publique ulcérée. Jusqu’où devrons-nous aller dans l’affligeant spectacle du renoncement à toutes les valeurs qui constituent notre engagement ? 

De l’avis des spectateurs, la prestation n’était pas à la hauteur. 78% des Français n’ont pas trouvé François Hollande convainquant. Pour tout ceux qui n’ont pas renoncé à une politique de gauche, la comédie a assez duré. Le film est de mauvais goût et il faut savoir siffler la fin des programmes quand ils sont nuisibles à la population. Et nous avons déjà le scénario de substitution, il s’appelle éco-socialisme, partage du travail et des richesses, justice sociale, reprise en main de la création monétaire. Bientôt sur vos écrans ?

Frédéric membre du bureau national du PS pour la motion 4

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