À quelques jours du premier tour, Mélenchon est toujours le troisième homme. Va-t-il créer la surprise ou bien a-t-il déjà atteint son plafond de verre ? Futur président de la France insoumise ou simple contestataire réduit à une campagne de témoignage tous les cinq ans ? La réponse nous sera apportée le 23 avril, pour l’instant le peuple de gauche serre les dents dans cette élection à haut risque, alors que celui-ci est majoritaire. Mélenchon et Hamon ont 90 % de leur programme en commun, la gauche, la vraie gauche rassemblée, est assurée d’accéder au pouvoir, mais non, aucun des candidats ne prend la responsabilité d’appeler à l’unité. Que ce soit dans un camp ou dans l’autre, la perspective d’une élimination de la gauche au premier tour n’est jamais évoquée. Benoît Hamon et Piketty déclarent voter Mélenchon contre Macron au second tour. Grand bien leur fasse, mais faut-il encore accéder au second tour et la division risque bien de nous coûter la victoire.
Quant à l’euphorie qui entoure la campagne du candidat de la France Insoumise, elle oublie que la gauche est diverse en son sein, c’est ce qui fait sa beauté et sa force, et que c’est avec elle que Mélenchon devra constituer une majorité parlementaire pour gouverner. Pourquoi ne pas faire maintenant ce que nous devrons faire demain ? Car les législatives ne sont pas les présidentielles, elles demandent d’unifier un corps électoral sur l’ensemble des circonscriptions et les investitures ne peuvent se multiplier sans courir le risque de voir la droite l’emporter. Pourquoi tant de risques inutiles quand nous pouvons gagner tous ensemble ?
Bref, tout va se jouer sur un coup de poker parce que Mélenchon et Hamon auront refusé une candidature commune comme le demandent 78 % de l'électorat de gauche (sondage IFOP du 4 avril). Jouer le destin de la gauche sur un coup de poker est irresponsable et nous risquons de nous réveiller avec une sacrée gueule de bois. Avoir à choisir entre la droite quel que soit son visage et l’extrême droite serait une tragédie. Cela ouvrirait une crise politique profonde dont la gauche ne se remettrait que difficilement. Mais ce serait surtout 5 ans de souffrance ultralibérale pour les travailleurs, si ce n’est l'éventualité d’une extrême droite au pouvoir avec sa part d’ombre et de barbarie.
En attendant, il faut voter utile, nous irons tous voter massivement Mélenchon, afin qu’il ait toutes les chances de l’emporter. Si tel n’était pas le cas, alors quel gâchis, il faudra tirer tous les enseignements de cette lutte fratricide et stérile entre les candidats de la gauche de progrès social et écologique.