Une journaliste lui demande : « vous ne regrettez pas de ne pas avoir fait une alliance avec Hamon ? ».
Mélenchon répond : « Benoît amont est un garçon très intéressant, mais c’est le PS. Je ne me sens pas capable d’aller voir les gens et d’aller leur dire attendez, j’ai trouvé un nouvel emballage ». Ce mépris pour la vie démocratique du Parti socialiste est choquant. On peut faire beaucoup de reproche au PS, mais pas celui de n’avoir pas sanctionné la politique de François Hollande en éliminant Manuel Valls à la primaire. Pour la première fois de son histoire le Parti socialiste s’est doté d’une candidature aux présidentielles issue de son aile gauche, et JLM est bien placé pour le savoir puisqu’il est lui-même issu de cette sensibilité politique. Refuser de prendre en compte ce changement, c’est nier aux militants et sympathisants PS la capacité de décider de leurs orientations politiques. Le courage d’un homme politique, ce n’est pas de trouver un nouvel emballage mais de trouver des accords politiques. D'expliquer qu’un parti de gauche n’est pas monolithique et qu’après avoir été trahi par sa direction, quand il arrive à retrouver le sens de son engagement, alors il convient de discuter avec lui.
La journaliste poursuit : « aujourd’hui vous seriez sûr d’être au second tour… »
Mélenchon répond : « non Madame, c’est le contraire, regardez où il en est ». Cette réponse n’a aucun sens, puisque nous savons très bien que les déboires de la campagne de Benoît Hamon ne lui assurent pas pour autant d’accéder au second tour, avec le risque que Hamon fasse un bien meilleur score que ce que lui prédisent les sondages.
Il se justifie un peu plus loin en disant : « Il veut faire une majorité présidentielle avec des députés qui ont voté le contraire de ce qui est écrit dans notre programme ». Jamais Benoît Hamon n’a souhaité faire une majorité présidentielle avec Valls et El Khomri. La question des investitures PS a d’ailleurs été renvoyée à après les élections présidentielles à cet effet et aujourd’hui les transfuges du Parti socialiste vers En Marche, parmi lesquels Manuel Valls, seront exclus, et affronteront des candidats socialistes aux législatives. La situation n’a jamais été aussi claire et aurait permis la construction d’un label unitaire pour les législatives afin d’établir une sélection des investitures sur des critères communs.
Mais l’argument le plus préoccupant reste celui-ci : « Les électeurs c’est du bétail ? On leur dit, allez les gens sautez-vous dans les bras ! Mélenchon et Hamon sont d'accord alors vous aussi ! Les gens m'auraient envoyé balader, en me disant ce n'est pas ce que tu nous avais dit. Ce n'est pas ça que tu nous as demandé de faire ». La réalité est tout autre. Comment peut-on être si éloigné de son électorat ? 71 % de l'électorat de Mélenchon demandent une candidature commune, pour 93 % dans le camp de Benoît Hamon (sondage IFOP 4 avril), voilà ce qu’auraient pu répondre les journalistes, s'il ne fallait désespérer de cette profession. Et si Mélenchon doute à ce point des sondages, il lui suffit de consulter sa base. Le PS a consulté ses militants à travers la primaire, les Verts ont consulté leurs militants avant de rejoindre la candidature de Benoît Hamon, le PC a consulté ses militants avant de rejoindre la candidature de Mélenchon. Quand Mélenchon a-t-il consulté les militants de la France Insoumise ? : jamais ! Mélenchon affirme des contre-vérités, car à part quelques sectaires enragés que l’on trouve dans les deux camps, l’immense majorité du peuple de gauche (78%) souhaite une candidature commune.
Moralité de cette histoire : nous avons toutes les chances de perdre ces élections à quelques points sur la simple croyance d’un homme qui s’obstine à décider de ce qui est bon pour le peuple à la place du peuple. Quel que soit le résultat de dimanche soir : sans démocratie, pas de socialisme.