Nous n’allons pas tourner autour du pot. D'un côté, nous retrouvons en la personne de Macron, la politique de Hollande dont il fut l’artisan, en décomplexée, car il ne sera plus tenu de faire illusion devant un parlement PS sujet à la fronde. Dans ses bagages : probablement Valls (qui se propose de diriger avec lui), les droitiers du PS, mais aussi Bayrou et un certain nombre de personnalités de droite. De l'autre, nous avons MLP et son clan d’extrême droite, qu’elle prend soin de dissimuler aux médias : anciens du GUD, d’Occident, et toute sa bande de nazillons.
Le choix est-il vraiment si cornélien ?
« Voter Macron, ce serait reculer pour mieux sauter ». Sa politique est certes un marchepied pour le Front national en 2022, mais ce n’est pas une raison pour sauter à pieds joints dans la peste brune. Offrons-nous ce délai salutaire, qui permettra, souhaitons-le, à la gauche de se reconstituer en réalisant enfin l’unité nécessaire à la victoire. Nous allons passer 5 ans à nous battre avec acharnement contre la guerre sociale qui nous est déclarée et cette bataille, nous saurons la mener sous un gouvernement libéral, pire que tout serait d’affronter un appareil d’État aux mains de néofascistes.
« Voter Macron, ce serait cautionner sa politique ». Depuis quand le second tour est un vote d’adhésion pour une gauche de transformation sociale ? Quand Mélenchon appelle à voter Hollande en 2012, il appelle à éliminer Sarkozy. En aucun cas, il signe un chèque en blanc au gouvernement socialiste. Au premier tour, on choisit, au second tour, on élimine. C’est ainsi sous la Ve République, et tant que nous n’aurons pas changé le scrutin électoral uninominal à deux tour.
« Macron passera, il n’a pas besoin de mon vote ». Chirac en 2002 avait fait un score de République bananière et on est en droit de se demander si avec un suffrage moins unanime, il aurait mené une politique différente. Je ne pense pas, bien au contraire, un score très élevé discrédite la politique du candidat sortant et montre bien que l’on ne vote pas pour son programme mais contre celui de son concurrent. Mais surtout, si à gauche nous rejetons l’éventualité d’un gouvernement d’extrême droite, est-ce bien raisonnable de laisser faire le travail par la droite ? Depuis quand faisons-nous confiance à la droite ? L’électorat de Fillon s’est radicalisé. Il n’est pas sûr du tout que celui-ci dans la solitude de l'isoloir accorde massivement son suffrage à l’héritier de Hollande. Quant à la gauche, il n’est pas dit qu’une partie de l’électorat de Mélenchon, qui se reconnaît dans ses élans patriotiques et « dégagistes », ne soit pas tentée par le vote MLP. Sa victoire ne peut-être totalement écartée. Le syndrome Trump n'est pas loin.
Refusons la tentation de l'abstention. Le 7 mai, nous irons voter en nous pinçant le nez, mais nous voterons Macron sans aucune illusion.
