L'actualité est une triste dame. Aujourd'hui encore, elle a sorti de sa manche quelques évènements consternants. Un virus, des paroles d'hommes politiques, un bouclier fiscal, un accident d'autocar et des otages au Niger... Pas de quoi réchauffer le cœur de mes concitoyens. Il faut dire que leur moral est déjà bien maussade à force d'observer les nuages gris de l'automne se positionner en nombre sur la ligne d'horizon.
Pourtant, un reflet de lumière verte s'est immiscé dans la pâleur de cette journée. Une flamme, que tout le monde croyait éteinte s'est brusquement rallumée. Dans une explosion soudaine, le souffle victorieux de l'ASSE à Lyon a redonné un immense bonheur à des milliers de personnes. Et ce matin, pour la première fois depuis bien des années, le peuple vert est debout. La fierté, la joie et l'enthousiasme sont revenus. Cette fois-ci, les cœurs stéphanois ont retrouvé un bel éclat couleur d'émeraude. Alors n'en déplaise à tous ceux qui relativisent le sport, le foot ou bien cette victoire ; nous sommes heureux !
Peut-être ne comprenez-vous pas que l'on accorde autant d'importance à ce petit événement. Vous le trouvez futile ? Vous en avez le droit. Alors imaginez un peu que vous sortiez d'une tempête qui a duré trente ans !
Les petits garçons connaissent tous les contes de la Belle au bois dormant, de Blanche Neige ou encore de Cendrillon. Au moment d'aller se coucher, ma mère me les racontait aussi. Mais parfois, l'accent maternel marseillais cédait la place à l'accent paternel toulousain. Alors, les histoires commençaient comme ça :
« Il était une fois le capitaine Larqué... »
Puis ça durait une heure entière où les mêmes mots revenaient sans cesse. Il y avait bien sûr le Chaudron, mais aussi des histoires d'ange vert et des noms barbares comme Hadjuk Split. Je me souviens que mon père terminait toujours cette histoire par les mots « poteaux carrés ». Et avant de partir, il soufflait dans l'entrebâillement de la porte: « les grandes équipes ne meurent pas. Un jour ça reviendra ».
N'en déplaise à monsieur Aulas, qui d'un ton moqueur s'est empressé d'affirmer aux supporters lyonnais que les verts ne jouaient la Champions League que sur Playstation, ce qui est important ce n'est pas forcément la victoire. Quelques années auparavant, on en avait eu des victoires avec la talentueuse équipe d'Alex et d'Aloisio. Mais quelque chose clochait. Il n'y avait pas le bon esprit. Nous étions dans l'œil du cyclone.
Or, ce n'est pas tant le talent qui rend le vert du maillot stéphanois unique, que le courage et la volonté de faire pour le mieux avec les moyens qu'on a.
C'est cet esprit qui est revenu hier soir, face à une équipe lyonnaise plus forte techniquement. L'esprit vert est de retour dans le Forez après trois décades d'absence. Espérons qu'il va rester !
C'est vrai qu'il y a plus important dans l'actualité. Le dépôt de bilan de Vogica, les primaires socialistes, le chômage... Mais cette victoire de l'ASSE représente plus qu'il n'y paraît. C'est le symbole du plus faible qui à force de volonté parvient à se hisser à la première place. Les valeurs de cette équipe sont celles de tout un peuple. Voilà la raison de son incroyable popularité. Et voilà pourquoi je suis stéphanois alors que je n'ai mis les pieds à Saint Etienne que deux fois dans ma vie. Pour tous ceux qui défendent ces valeurs, j'espère de tout cœur que les Verts soient définitivement sortis de la tempête.
Quant à la Champions League, si chère à M. Aulas, je ne m'inquiète pas. Soyons patients.
Car de toute façon, comme disait mon père et tant d'autres, ça reviendra !