Un truc que je ne comprends pas, c'est pourquoi E.MACRON ne m'a pas consulté ? Ça faisait plusieurs jours que je notais du mouvement dans l'avenue, les commerçants frétillaient en ricanant en douce, les voisins se tapaient mutuellement dans le dos avec des sourires entendus, les litiges de voisinage semblaient apaisés, tout se passait comme si un vent de gravité réconciliatrice avait submergé le bourg. Mais en même temps – si j'ose dire – les amis ne s'attardaient pas, leurs poignées de main se faisaient plus molles, les dialogues se rétrécissaient, même les chats traversaient la rue sur mon passage, bref on m'évitait. Jusques aux journaleux en nombre impressionnant que je sollicitais pour témoigner, subodorant un fait divers crapuleux pour lequel j'aurais bien réussi à trouver n'importe quelle banalité à débiter, se débinaient.
Mais quoi ?
Manu - oui, c'est affreux mais mon meilleur pote s'appelle Manu, Manu m'a donc dit t'es grillé Fred, on voulait pas te le dire, mais le Président il nous a tous consultés (il avait fait le bourg voisin la veille et l'évéché la nuit précédente, c'est qu'il se donne du mal pour nous, le bougre !) mais il a dit comme ça que toi tu avais exagéré et que donc il t'avait mis liste noire, zou, rayé, il te calculait pas.
Faut dire que je l'avais bien cherché. À force de dire que le pays ne pouvait pas rester suspendu au bon vouloir d'un seul paroissien durant deux mois, qu'il outrepassait ses fonctions en prétendant prédire ce que ferait chaque groupe, que dis-je, chaque député (tous consultés) de l'Assemblée à peine élue. Bref qu'il se la jouait lui-même premier ministre au lieu d'en nommer une. Bref qu'il violait la constitution. Et que comme tous se promettaient de faire rien que de l'embêter, il avait décidé de faire un peu comme – je dis ça au hasard – comme s'il il nous avait jeté une grenade dégoupillée dans les jambes, bien fait pour nous.
Peut-être a-t-il était déçu de m'entendre dire – et écrire ! - que soit il n'était pas fichu de prendre une décision, auquel cas il laissait la place. Ou soit il se f...tait ouvertement de notre fiole en bon pervers, jouant la montre pour s'accrocher au pouvoir en continuant à gouverner, auquel cas il ne fallait pas s'étonner que certains demandent ouvertement son départ. Je trouve même que nous sommes tous (y compris le boulanger de chez nous, pourtant mauvais caractère s'il en est) particulièrement patients et indulgents à son égard.
Personne en fait ne sait ce qui se serait passé s'il avait pris la seule solution logique, la nomination d'une personnalité du NFP dès le 8 juillet, ou de Lucie Castets plus tard :, il n'y a pas de mandat impératif, peut-être aurait-on vu plus de la moitié des députés macronistes soutenir le NFP. En cas de censure, il aurait nommé Cazeneuve, censure possible. Il aurait ainsi pu nommer quelques premiers ministres (le boulanger de chez nous affirme qu'il lui avait donné des assurances) au terme de quoi, toute honte bue, il aurait démissionné. Ayant été délégitimé à trois reprises, aux législatives de 22 et 24 et aux européennes, personne - pas même le fantôme de De Gaulle - n'y aurait trouvé à redire.
Car enfin, en l'état de nos institutions et avant qu'on discute de comment les modifier, je ne vois pas pas aujourd'hui d'autre moyen de débloquer la situation que de la clarifier par une présidentielle. Avec un nouveau président qui nommera une première ministre prénommée Lucie. Laquelle, forte de cette légitimité, pourra oeuvrer utilement.
Frédéric PIC
PAU