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Billet de blog 5 janvier 2025

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Un cerveau supposé intelligent, à quoi bon ?

Il est fréquemment question ces derniers temps sur les médias, spécialistes à l'appui porteurs de nouvelles découvertes, des capacités extraordinaires de notre cerveau. Et chacun de s'auto-congratuler et de s'esbaudir sur cette petite merveille que nous serions les seuls petits veinards à posséder.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'il est vrai, soyons modestes, que nous sommes loin de tout savoir sur son fonctionnement, nous ne pouvons pas ignorer que notre cerveau est à la fois une centrale électrique arrosant d'informations l'ensemble de l'organisme, un donneur d'ordres pour l'énergie physique de notre motricité consciente et inconsciente, le récepteur de toutes nos informations sensorielles et par ce mouvement incessant de va et vient un régulateur inestimable et indispensable. Il influence aussi nos glandes endocrines – la chimie en sus de l'électricité et de la mécanique – et assume donc un rôle essentiel. Mais il est bien aidé par la merveilleuse machinerie de nos cellules, chacune étant porteuse de l'ensemble des capacités héritées via notre patrimoine génétique du savoir accumulé tout au long de notre évolution.

On peut ainsi dire schématiquement que nous aurions plusieurs cerveaux superposés, un cerveau archaïque porteur des mémoires animales les plus anciennes, instinctives, pour la survie (le chat qui fait sa toilette, l'oiseau qui fait son nid, l'instinct reproducteur...), un cerveau plus récent ayant permis le développement des échanges via nos émotions, et donc le petit dernier porteur d'une pensée supposée élaborée, du langage, de l'esprit critique et du libre arbitre devant nous amener à un agir forcément rationnel si ce n'est raisonnable.

L'ennui est que tout est intriqué. Et qu'un simple regard sur ce que nous savons de notre Histoire – passée et présente - montre à l'envi que les humains collectivement ne sont ni raisonnables ni rationnels. Si nous pouvons être individuellement des bricoleurs de génie ou des créateurs artistiques nous laissant pantois d'admiration, force est de constater que notre supposée intelligence est souvent si ce n'est généralement débordée par nos pulsions animales et nos émotions – quand ce n'est pas par cet inconscient farceur dont nous savons si peu (ainsi de la porte-parole du gouvernement qui sait qu'elle doit parler du « conseil des ministres » mais évoque en dépit de sa « raison » un conseil … « municipal » ( ! ) en référence à celui qu'avait privilégié F.BAYROU).

On peut même se demander si nos capacités cognitives d'analyse, en nous permettant de nous comparer à nos congénères - voir ce qu'ils ont, que l'on n'a pas et que l'on pourrait avoir - n'auraient pas développé l'envie, la jalousie, l'esprit de compétition, voire la fourberie. Et surtout la cruauté, que l'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde animal. À quoi nous sert donc de laisser éclore des MOZART et des MANDELA si nos pulsions de mort l'emportent sur nos pulsions de vie ? À quoi bon finalement un cerveau « intelligent » s'il ne peut s'opposer à l'aveuglement qui semble bien nous pousser aujourd'hui – jouissance morbide ultime ? - vers l'autodestruction de notre espèce en même temps que nous renonçons à ce qui devrait faire notre humanité ?

Frédéric PIC


Pau

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