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Billet de blog 5 février 2019

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Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous lirez, peut-être ...

Non seulement nous ne déserterons pas, mais nous combattrons sans relâche ce président à la surdité proclamée, à l'autoritarisme monomaniaque et revendiqué, au mépris glaçant sans cesse réaffirmé. Car nous ne saurions accepter sans résister la violence du gâchis qu'il prétend imposer à une France si riche de possibles

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Monsieur le Président,

C'est bien parce que nous ne voulons pas déserter que nous vous faisons cette lettre, que vous lirez, peut-être...

Nous avons reçu vos papiers littéraires nous invitant à discuter de tout et de rien. Et, surtout, de rien. Surtout pas de ce que vous avez fait depuis dix-huit mois, dont la perfection ne supporterait pas la moindre retouche, ni de ce que vous allez faire, qui devrait forcément s'avérer de la même eau. Mais comment se fait-il, au fait, que tant de prodiges passés et à venir (sans compter ceux que vous avez fidèlement accompagnés depuis au moins dix ans, lorsque vous étiez rapporteur de la commission ATTALI) ne suscitent dans le bas-peuple que méfiance et colère ?

Nous savons certes que nous n'avons ni l'intelligence ni la finesse de certains de vos soutiens, et qu'il faut user avec nous de beaucoup de pédagogie tant nous sommes rétifs à avaler ces remèdes qui devraient nous faire tant de bien. Nous étions donc ravis de pouvoir discuter entre nous – citoyens, associations, corps constitués, syndicats, retraités, sportifs, sédentaires, que sais-je encore, - sous la houlette d'un observateur neutre qui vous aurait remis le condensé de nos cogitations.

Las, ce débat que vous nous accordiez spontanément (sous la pression quand même de la rue soutenue par une très forte majorité de français) s'est mué en une interrogation écrite aux questions orientées quand elles n'étaient pas provocatrices (« quels services publics voulez vous supprimer ? », ou dit autrement, « quelles dents saines voulez-vous que l'on vous arrache en premier ? ») complétée par un oral aux questions interdites ou sans réponse, quoique vous en disiez. Et ce sous la baguette de deux de vos ministres dont l'indépendance et la neutralité étaient si évidentes qu'il a fallu la compléter par celle de cinq garants dont l'intégrité est telle qu'elle ne sera vérifiée par personne.

Bref, des débats se tiennent, tant bien que mal. Auto-organisés, ils sont vivants, animés, riches de propositions, d'argumentaires enflammés et d'engueulades. Celui que vous avez animé sous les feux des projecteurs (que vous n'aimez pas pourtant) a été faussé par l'autorité coupante du Tout-Sachant-Supposé que vous êtes face à des participants n'ayant visiblement ni la compétence ni le temps suffisants pour vous répondre. Les autres seront inefficaces, n'accordant la parole qu'à une infime minorité.

Mais, même si la restitution des débats ne sera pas ce qu'elle aurait dû être, voilà ce que vous en entendrez, Monsieur le Président : de la désespérance pour les plus démunis et les contraints au chômage, un sentiment d'injustice insupportable y compris pour ceux qui peuvent vivre dignement, la colère chez nos ainés à qui l'on demande un effort supplémentaires en les culpabilisant sous prétexte qu'ils ne travaillent pas … comme s'ils n'avaient, eux, jamais travaillé ! Et pour tous, la sensation d'un immense gâchis dont vous serez tenu pour responsable, dans une France si riche de possibles. Gâchis qui s'inscrit dans un identique gâchis au plan mondial, les mêmes causes ayant partout les mêmes effets.

Il vous faudra faire, Monsieur le Président, votre aggiornamiento. Et dans le bon sens, car toutes les réformes, toutes les révolutions ne se valent pas. J'espère que vous saurez avoir ce sursaut copernicien. Car si vous avez obtenu la légalité de votre fonction, votre légitimité déjà très faible s'effondrerait dans le cas contraire. Et ce serait la porte ouverte à tous les abus, toutes les aventures.

De notre côté, comme nous le faisons depuis plus de quatre ans dans le jeu démocratique des partis, et pour beaucoup d'entre nous parfois depuis des décennies dans un cadre associatif, nous irons au débat. Parce que l'urgence écologique est là, que vous ignorez aussi superbement que vous en parlez. Parce que nous ne supportons plus l'ignominie des inégalités. Parce que la parole et le pouvoir ne peuvent plus être confisqués par une minorité. Nous n'irons pas pour subir votre « pédagogie » (guère plus efficace que celle que vous demandez aux forces de l'ordre d'appliquer), mais pour vous dire tout le mal que nous en pensons. En réservant nos propositions pour les autres débats. Je veux dire, les vrais.

Frédéric PIC

Nouvelle Donne Pau

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