Il y a effectivement inflation de ces cérémonies, ce qui risque de rendre routinière leur survenue tout en affadissant leur portée. D'autant que longtemps réservées à des hommes d'État incontestés, à de grands résistants, à des hommes ou femmes tombés au champ d'honneur ou à des penseurs ou acteurs de la vie civile ayant marqué leur temps par leur universalité, la palette des destinataires s'est élargie à des romanciers, artistes ou sportifs.
Ce n'est pas que le mérite de ces impétrants soit moindre, mais il est clair que plus la base de recrutement s 'élargit, plus le nombre de candidats va se multiplier, plus le choix sera malaisé à justifier. Car si les êtres d'exception sont … exceptionnels, les hommes et femmes de qualité sont légion. Nous sommes ainsi passés de 4 hommages (une cérémonie tous les 3 ans) sous l'égide de JACQUES CHIRAC à 3 par an sous E.MACRON (22 hommages à ce jour). Et chacun pourra jouer, au vu de cette liste (1), à chercher ceux qui ont été oubliés, celles qui auraient pu par comparaison y figurer sans conteste...
Mais celui qui va être rendu ce 7 février me procure un sentiment de gêne bien plus important : si je m'en réfère à cet article reprenant une dépêche de l'AFP (2), 21 soldats figurent parmi les 42 qui seront honorés, soit la moitié. Sept décédés lors des combats du 7 octobre (car il y a eu combats où, selon les sources, au moins 400 militaires ou policiers israéliens sont morts) et 12 qui ont participé aux opérations de Gaza pour lesquelles la qualification de génocide a été plus que soupçonnée.Tous les morts méritent respect et recueillement, et leurs familles notre sympathie. Mais un hommage de la Nation, ce n'est pas rien. Et honorer 21 soldats d'une armée d'occupation et convaincue pour cela de crimes de guerre et/ ou de génocide en disant qu'ils sont morts pour la France, cela me gêne un peu, même s'ils ont administrativement la nationalité française. L'essentiel de mes pensées demain ira donc demain vers ceux qui n'étaient pas acteurs d'une guerre que je n'approuve pas. Et je pense qu'une cérémonie rendant hommage à tous les morts du conflit israélo-palestinien depuis 75 ans, avec appel à la paix immédiate et libération des otages de tous bords n'aurait pas été moins appropriée.
La portée de ces cérémonies me semble donc quelque peu galvaudée. Et elles seraient l'occasion pour un président on ne peut plus diviseur et contesté de réaffirmer cyniquement que l'union est plus que jamais indispensable – de préférence derrière lui – que je n'en serai pas étonné .
Frédéric PIC
Pau
(1)https://fr.wikipedia.org/wiki/Hommage_national#Présidence_d'Emmanuel_Macron
(2) https://fr.timesofisrael.com/qui-sont-les-victimes-francaises-de-lattaque-du-hamas-le-7-octobre/