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Billet de blog 7 décembre 2020

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test facile et rapide pour s'assurer de la bienveillance de la police

ayant décidé de ne plus me munir d'attestation de déplacement, j'ai imaginé comment en cas de contrôle amadouer un policier compréhensif et bienveillant, et m'en sortir les doigts dans le nez. Scénario.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai donc décidé depuis le 24 novembre de ne plus me munir d'attestation de déplacement, estimant que l'on ne peut à longueur de discours faire appel à notre sens des responsabilités et nous imposer en même temps ce formulaire humiliant qui fait de nous à priori des irresponsables à surveiller étroitement, en clair des enfants.

Anticipant un éventuel contrôle, j'ai imaginé quel pourrait en être la teneur. En supposant qu'un dialogue entre adultes pourrait s'instaurer (je décidai de considérer le représentant des forces de l'ordre comme un adulte, on ne se refait pas) Scénario :

je suis interpellé alors que je faisais mon footing en zone désertique en terme d'humanoïdes - pas un quidam à l'horizon - par un policier surgissant des taillis :

« Monsieur bonjour, police, pouvez-vous me fournir votre attestation de déplacement ? »

«  bonjour cher représentant des forces de l'ordre et néanmoins gardien de la paix - du moins je le suppose -, hélas non, au risque de vous décevoir, je ne l'ai pas. »

«  je vais donc être contraint de verbaliser. En attendant, papiers s'il vous plaît »

« hélas, je crains que vous ne dussiez sur-verbaliser, je n'en ai pas sur moi ».

« Vous savez que c'est obligatoire, en toutes circonstances ? Vous m'inquiétez, votre cas s'aggrave ! »

« Cher et bienveillant ami policier, même sans attestation j'observe rigoureusement les règles. Mais vous savez ce que c'est, on se charge le moins possible pour améliorer son temps, et là d'ailleurs je crains que vous ne fassiez baisser ma moyenne »

« Dois-je en inférer que vous sous-entendez clairement que je vous dérange, ce qui pourrait s'interpréter comme un outrage ?»

« Cher fonctionnaire que je rétribue à hauteur de mes modestes moyens, je ne voudrais vous faire nulle peine même légère, ni bien entendu vous outrager en quoi que ce soit. Du coup, j'hésite à vous dire que je n'ai pas non plus sur moi de facture ou autre justificatif de domicile. Ni que je ne compte me munir de mon livret de famille ni d'un arbre généalogique certifié s'il me prend l'envie d'aller visiter un proche ou lointain parent en difficulté »

«  ah ah !, je vois poindre le rebelle sous l'outrageur !, outrage et rébellion ! », dit-il en rangeant son carnet et en s'approchant de moi au mépris des gestes barrière. Et là, je compris qu'il fallait rétablir la confiance, créer un climat consensuel, voire amical, dissiper les malentendus en un mot. J'aspirais à la concorde, je nous voyais déjà nous taper sur le ventre en rigolant, nous donner rencart pour un pot amical en fin de soirée au commissariat. J'exhibai donc mon plus engageant sourire, et lui lançai pour briser la glace :

« Au fait, mon pote, et toi, ton attestation, tu me la montres ? »

Croyez moi si vous voulez, mon test s'est avéré négatif sur toute la ligne.

Frédéric Pic, Pau

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