Faut-il en rire ou en pleurer ? Céder à la colère, stigmatiser ceux qui détruisent la planète, en gros les accros au profit, les goinfres du toujours plus, ou s'acharner à sauver ce qui peut l'être, alerter, défiler, manifester, convaincre, prôner et pratiquer la décroissance ?
Bof, quel intérêt à faire son dentifrice et rouler à 110 sur autoroute (même cela paraît impossible aux aveugles qui nous gouvernent) si nous nous glorifions d'envoyer un nouveau vaisseau spatial vers je ne sais quelle lune (quel tonnage de matériau, combien de carburant, quel bilan CO2...pour quel réel bénéfice en sus de notre incommensurable orgueil?) et si la doxa de la si désirée croissance amène chaque jour sur nos côtes davantage de tankers ? (Quel tonnage, combien de...etc...)
À mon avis le problème est réglé. Se gavant d'autant plus vite que ses réserves fondent, aveuglée par le cancer du fric et de ses métastases, l'humanité va finir comme la grenouille de la fable. Mais le paradoxe et qu'il s'agit là peut-être d'un dernier réflexe d'intelligence de sa part : se sachant nuisible et plutôt que de s'épuiser en d'improbables soins palliatifs voués à l'échec, elle a peut-être inconsciemment décidé pour sauver les autres espèces de se saborder en un sursaut de lucidité suicidaire. Mais de n'avoir pas su choisir la vie bonne, son agonie sera violente, sans le secours d'une impossible transition de sédation profonde.
Nous manquerons beaucoup aux bactéries, qui ont cru pouvoir nous faire confiance pendant quelques millions d'années en pensant pouvoir établir avec nous au prix de quelques querelles de couple bien compréhensibles une coopération écologique, elles qui nous ont offert le microbiote intestinal et les mitochondries, petites merveilles d'organites intracellulaires à tout faire. Elles sont bien plus malignes que nous, et trouveront sans problème de nouveaux partenaires de jeu.
Je leur souhaite bonne chance, et leur dis peut-être à une de ces éternités à venir ?
Sinon, Brassens, les petits bistrots entre copains, la 6ème et quelques bons bouquins en attendant la fin..
Frédéric PIC
Pau