Bon, moi je veux bien que le président se maintienne, ou ne soit pas destitué, mais les faits sont là : déni démocratique, le crédit de la France en chute libre au plan international, un climat social délétère, une gestion calamiteuse qui nous pose entre la 21ème et la 27ème place de l'UE pour l'ensemble des critères économiques, des manifestations massives méprisées ou réprimées avec une violence rarement atteinte, et pour finir la dernière séquence ci-dessus décrite. Comme l'écrivait Marianne en août :

Le seul élément positif à porter au président est sa belle élocution d'acteur malheureusement mise au service de vibrants discours célébrant l'union nationale avec le même enthousiasme qu'il met à diviser les français. Maigre bilan. Ce qui permettait au Point au soir du 1er tour d'afficher cette une pointant le danger majeur de l'arrivée au pouvoir du RN dont E.MACRON n'a cessé de faire la promotion, probablement parce qu'il le croit plus facile à vaincre que son seul véritable adversaire, qui se situe à l'autre extrémité de l'échiquier politique :

Au soir du second tour et une mobilisation inédite des électeurs, La Croix résumait l'essentiel :

Tandis que le Figaro, peu suspect d'être favorable à la gauche, ne pouvait que constater qu'elle s'imposait :

les faits sont là : depuis 2017, la macronie et LR s'effondrent, tandis que s'affirment la gauche écologiste et le RN, celui-ci à moindre titre :

Face à cette débâcle, que pouvait faire un président démonétisé (ennuyeux pour un banquier ! ) Faire du MACRON ? C'est fait : dire qu'il avait raison, que ceux qui l'ont censuré ont semé le désordre, oser faire enfin en tant que président un discours à l'intérieur de Notre Dame en piétinant la laïcité (à ce propos à regarder le parterre d'invités à l'intérieur et les pauvres pékins sous l'averse, il va falloir réviser me semble-t-il la doctrine affirmant que les premiers seraient le derniers et réciproquement)
Et maintenant ? Le RN a indiqué qu'il ne comptait pas gouverner, il se contentera donc de continuer à égrainer des balivernes économiques en jouant de son pouvoir de nuisance. À chacun ses projets et ses ambitions, il ne peut de toutes façons être invité à Matignon. En violation flagrante des institutions et avec un cynisme consommé, le président a osé nommer ce gouvernement BARNIER, bateau ivre sans boussole, sans programme, abandonné en cours de route par la moitié des macroniens. Le RN hors course, le bloc central hors course, on voit mal comment le président pourrait à nouveau oser manigancer un nouveau mauvais coup porté à la démocratie sans faire appel à la gauche.
Si en effet il n'y a pas eu de majorité sortie des urnes le 7 juillet, certains sont plus gagnants que d'autres. Il convient donc ne serait-ce qu'essayer de donner sa chance à l'équipe arrivée en tête, porteuse d'un programme adopté par toutes ses composantes, y compris F. HOLLANDE et ses amis. On dit que les macroniens et le Modem seraient prêts à travailler avec le PS. Mais le PS a le même projet que LFI, le PC, les écolos et la ribambelle d'autres formations, plus modestes, qui participent du NFP. S'ils peuvent travailler avec le PS, ils peuvent donc travailler avec l'ensemble du NFP. Chiche. Mais s'il y a convergence, il ferait beau voir qu'elle soit dirigée encore une fois par les perdants !
Non ! Cette éventuelle convergence, ou soutien sans censure, doit se faire sous la houlette de la gauche, qui doit hériter de Matignon. D'autant que pour faciliter les choses, LFI (qui parlait d'une structure totalitaire?) s'est astucieusement mise en réserve. Après, le programme du NPF est censé se développer sur une législature, soit 5 ans. On peut donc en distiller les mesures au cas par cas, et c'est là que peuvent intervenir ces fameuses concessions dont on nous rabâche les oreilles : la gauche propose, dirige, et je suis certain que nombre de députés macroniens et centristes soutiendront ou s'abstiendront : s'ils veulent aider, ils sont les bienvenus. Mais il serait évidemment incompréhensible et inacceptable que les gagnants s'effacent derrière eux.
Je ne sais pas ce que décidera in fine le président, qui sort encore ici de son rôle puisque c'est à Matignon qu'incombe la responsabilité de trouver une équipe capable de gouverner et sûrement pas à E.MACRON. S'il s'entête à renommer un ou une premier(e) ministre à sa botte, celui-ci échouera bien entendu, que ce soit à l'Assemblée ou sous la pression de la rue, et la démission du président sera d'autant plus à l'ordre du jour. S'il nomme par contre Lucie CASTETS (par exemple), ce qu'il aurait dû faire en juillet, et que celle-ci échoue, la faute en incombera à l'intransigeance du camp macronien, et sa démission alors deviendra incontournable.
Frédéric PIC
PAU