L'ennui est que l'humanité semble accro, dopée à mort à la fois à la consommation et au vertige de sa supposée toute-puissance. Ceux qui ont tout en veulent davantage, ceux qui n'ont rien rêvent d'en avoir deux fois plus que ceux qui ont tout et ceux qui en ont un peu se feraient tuer sur place plutôt que d'en céder la moindre parcelle. Quant à ceux qui parlent de partage, mort de rire.
Notre omnibondissant s'écoutant parler nous disait le 12 mars 2020 (une pandémie, enfin un obstacle à ma démesure) : « il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » Vous je ne sais pas, mais moi je suis tombé de ma chaise, il a fumé ou quoi ? D'autant qu'il ajoutait « les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens, je les assumerai » (n'est-ce pas que j'ai été bon, a-t-il dû demander à ses omnirampants?)
Notre santé libérée du poids du marché, on a effectivement vu, de l'hôpital-entreprise à la dictature de big pharma relayée par les mandarins tandis que le vulgum pecus, la médecine de ville ou de campagne était priée de se ranger sur le bas-côté, de ranger ses outils et ses traitements à deux balles en regardant passer la Médecine Triomphante avec ses vaccins pour tous même ceux qui n'en ont pas besoin à 20, pardon 23 euros excusez nous on avait vu un peu juste. L'essentiel est que nous, riches d'un occident riche auquel ce microbe a eu le toupet de s'attaquer nous sauvions quoiqu'il en coûte. Sans impôts à la sortie, c'est quand même pas nous qui allons payer !
Je m'égare, nous sommes loin de réchauffement climatique ? Pas du tout. Nous sommes bien là dans ce délire de toute-puissance généré par nos réussites techniques qui nous fait oublier toute notion de limites et les dépasser sans cesse, premier symptôme de cet hubris qui nous mène à notre perte : Nous les puissants et riches sachants inventerons ce qui va nous sauver. Mais comme nous investirons pour cela (sans argent rien ne se fait, t'as qu'à voir, mets un sac d'or devant une brouette, ça va la faire rouler) il faudra bien que nous, premiers de cordée, nous nous remboursions. Pour pouvoir réinvestir, et créer de nouvelles richesses, dont nous vous ferons profiter (plus tard)
Et s'enclenche ainsi à partir du désir de puissance et de richesse le cycle infernal de la (sur)production, de la (sur)consommation, des (sur)profits et des désirs jamais assouvis de nos charmants premiers de cordée . Avec lesquels je ne me hasarderai à aucune ascension tant ils sont prompts à couper la corde aux encordés qui ont cru pouvoir leur faire confiance (En les traitant au passage de capricieux, fainéants, cyniques, égoïstes (oui oui, parfaitement, égoïstes), extrémistes, retardataires, ou mieux (pire?) obscurantistes) De quoi alimenter, c'est sûr, le sentiment d'union nationale et de fraternité.
On ne s'en sortira que par le partage. Je ne suis pas spécialement partageux, mais si je dépense au dessus de ce qui est nécessaire à chaque humanoïde pour que ne brûle et ne s'assèche la planète, il faudra bien que je m'y résolve. On a bien compris qu'il sera malaisé de convaincre certains de s'y plier, d'autant qu'il faudra obligatoirement par un jeu nécessaire de vases communicants, redonner plus à ceux qui n'ont pas l'essentiel.
D'où il ressort que la question qui nous est posée est : de quoi avons-nous réellement besoin ? Si nous attendons que le Haut-commissaire au plan-plan nommé à cet effet nous donne les solutions, lui qui depuis 40 ans soutient les politiques qui nous ont mené là où nous sommes, c'est pas gagné. Ainsi va la vie, entre guerres des voraces et humiliations des gueux. Rien de neuf, mais là où les animaux humains avaient autrefois du temps et de l'espace, nous avons le feu aux fesses, alors qu'avec un peu de jugeotte on pourrait tous vivre peinards et rigolards. Alors chiche, on s'y met tous, (en attendant la présidentielle qui peut être une bonne occase) dès demain, on se désintoxique et on s'attaque au réchauffement climatique ?
Frédéric PIC
Pau