Alors que depuis des décennies l'humanité assume ce terrible paradoxe de savoir qu'elle court à sa perte et de ne rien faire pour l'éviter, le gouvernement a fini par se ranger aux arguments des opposants à l'aéroport de Notre Dame des Landes. Pourquoi dès lors, puisqu'il était d'accord avec eux, vouloir expulser ces éveilleurs promoteurs d'une nouvelle forme de progrès, raisonnable, humain en un mot ?
Il est fait reproche aux zadistes de NDDL de violer la loi. La belle affaire. (voir mon post du 17 janvier : https://blogs.mediapart.fr/frederic-pic/blog/170118/notre-dame-des-landes-une-decision-visionnaire-qui-signore ) Mais de quelle loi s'agit-il ?
L'on a évoqué ici le respect de la loi républicaine du respect de la propriété. Mais seuls les propriétaires des terrains « occupés » pouvaient demander leur « évacuation ». Et qui en est donc propriétaire ? L'Etat, alors que la déclaration d'utilité publique est lettre morte depuis le 8 février ? Vinci, qui a délivré des contrats de fermage à des agriculteurs sur quelques parcelles ? Le département, qui en a acheté quelques autres ? Les anciens propriétaires expulsés ayant refusé toute indemnisation ? Comme on ne le saura en fait qu'après quelques années de procès, il existe plus qu'un doute non négligeable - et c'est une litote - sur la légalité de cette intervention plus que précipitée.
Et puis, s'il s'agit de faire respecter la loi sur l'espace public, essayez donc de vous promener en bord de mer sur la cote d'Azur, les terres littorales accaparées par les hors-la-loi vous en empêcheront, et l'état républicain n'envoie pas ici ses sbires surarmés ni ses pelleteuses pour faire respecter l'ordre.
Mais ces gens-là sont violents, vous dis-je ! Ah ouiche, de qui parle-t-on ? « Des marginaux quasi-militarisés et radicaux » disait CASTANER. Ah bon ! Vous êtes bien certains qu'il ne parlait pas des gendarmes, dont on a vu de quoi ils étaient capables malgré l'interdiction faite aux médias de filmer directement les événements ? La ZAD serait-elle devenue plus dangereuse de par la présence des gendarmes que les scènes de guerre où l'on laisse partir ces médias ?
Mais dormez tranquilles braves gens, les gendarmes sont là pour préserver ces terres agricoles précieuses des menées subversives « dangereuses pour le consommateur » disait ce matin sur Inter je ne sais quel sous-ministricule : Gageons que ce sont bien entendu les mêmes gardes mobiles qui vont soigner les animaux laissés en déshérence et s'occuper des plants de tomate qui ne vont pas tarder à sortir ?
Frédéric PIC
Référent Nouvelle Donne Béarn