Rien ne presse en effet : l'administration est en place, le gouvernement sortant n'est pas obligé de donner sa démission. Certes l'usage veut que le premier ministre en fonction le fasse, mais rien sauf erreur de ma part ne l'y contraint, et il peut sans problème et avec retenue expédier les affaires courantes. Les expériences récentes de l'Espagne et de la Belgique montrent à l'envi que l'on peut sans dommage (si ne n'est avec bénéfice ? Non, je plaisante!) fonctionner des mois durant sans gouvernement.
Alors quoi ? Certes le président élu a tout pouvoir de nommer sans délai un premier ministre. Mais pourquoi donc, puisqu'encore une fois il ne sait pas quelle majorité sortira des urnes quelques semaines plus tard, l'obligeant peut-être à changer d'équipe ?
On assiste en fait à une course à l'échalotte et aux places de député, sur fond de subventions publiques allouées aux partis. Il n'est plus question de programmes, mais de personnalités, de marchandages. Comme des maisons d'édition poussant leurs poulains pour un prix littéraire, nonobstant la qualité des textes ou de leurs auteurs. Ça n'est plus la formation du gouvernement, mais de l'équipe de France de rugby. Paris de PMU, paillettes et clinquant en lieu et place de fond politique.
Déjà bien pressé au plan de son action (il n'échappera à personne l'urgence qu'il y a pour le réchauffement climatique à limiter les indemnités prud'hommales en court-circuitant le parlement et les syndicats), pourquoi le président élu si féru de nouveauté n'innove-t-il pas en la matière, en attendant le verdict des urnes pour nommer son premier ministre ? À courir au lieu de marcher, ne risque-t-il pas de se prendre les pieds dans le tapis ?
Frédéric PIC
Pau