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Billet de blog 13 juillet 2024

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Après moi le déluge …

Je ne sais ce que l'Histoire retiendra d'Emmanuel Macron. Après 7 ans durant lesquels nous avons subi son « l'état c'est Moi », voilà qu'il nous joue « Après moi le déluge ». Mais loin d'avoir l'aura du monarque que l'on sait, ce roitelet – astre de pacotille - qui ne nous éclairait pas davantage qu'une lampe de poche, menace aujourd'hui de nous plonger carrément dans les ténèbres .

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Résumons : au soir des législatives de 2022, E.MACRON hérite d'une majorité relative. Il aurait pu dissoudre, ce que l'on pouvait estimer inéluctable à terme, ce scrutin valant désaveu de son projet présidentiel. Il aurait pu, comme il le fait aujourd'hui, demander aux parlementaires de s'entendre et de lui proposer, après qu'ils aient trouvé une majorité cohérente et un programme consensuel, le nom d'un premier ministre qu'il se serait fait un plaisir de valider. On aurait pu attendre longtemps. Il a donc usé de sa prérogative constitutionnelle, nommé un premier ministre de son choix, représentant le groupe le plus important et...gouverné avec la brutalité que l'on connait, y compris en faisant passer une réforme majeure (avec la complicité d'un conseil constitutionnel défaillant) contre l'avis de la majorité des français.

On ne voit donc pas ce qui s'opposerait à ce qu'il agisse de même aujourd'hui, sauf à être à juste titre soupçonné de tricherie, de mensonge ou de vouloir violer les institutions dont il est théoriquement le garant. Et les partis n'ont pas à entrer dans ce jeu et se comporter comme des gamins dans une cour de récré : ce n'est pas à eux mais au président et à lui seul qu'incombe la responsabilité de nommer un/une premier(e) ministre, qui devra proposer un gouvernement au président et un programme à l'assemblée. Premier ministre pouvant être choisi y compris en dehors des élus, mais représentant bien entendu la sensibilité politique du groupe le plus important, celui du Nouveau Front Populaire.

À ce propos, je voudrais redire ici ce dont je m'étonnais dans mon dernier billet : pourquoi cet ostracisme vis à vis de LFI répété comme un argument d'autorité irréfutable ? En quoi ce mouvement viole-t-il les principes de la République, lui qui défend au contraire dans son programme le tryptique de notre devise, là ou le RN les viole dans sa doctrine (pas d'égalité entre citoyens selon la nationalité, pour ce qui est de la fraternité faudra repasser et pour ce qui est de la liberté, J;BARDELLA a déjà fustigé comme insurrectionnelle toute manifestation qui contesterait les résultats des urnes) Et pourtant c'est avec lui que G.ATTAL a eu mission de dialoguer...

Alors pourquoi ce rejet de LFI, si ce n'est justement parce que c'est le seul mouvement politique (mais il est rejoint dans la société civile par nombre d'autres mouvements) qui préconise une rupture radicale (qui oserait en contester la nécessité) avec le capitalisme imbécile dont on constate aujourd'hui les effets, mais qui serait un horizon indépassable pour tous? Pour tous, jusqu'aux tenants de la « social-démocratie » qui n'a jamais été qu'une béquille soutenant la politique imposée par les forces du capital : faut-il qu'il fasse peur aux yeux des responsables du chaos où il nous ont plongé, et si cette peur est si forte, n'est-ce pas la preuve que cette radicalité est la seule porteuse de nos espoirs ?

À l'opposé, que nous dit aujourd'hui ce président prestidigitateur ? « Oui j'ai dissous, oui j'ai estimé que c'était urgent, je voulais clarifier la situation, le résultat est clair, la participation a été formidable, c'est tout ce que je voulais savoir, je vous félicite, vous êtes un peuple admirable amoureux de la démocratie, la France est éternelle et inoxydable et tous ensemble nous allons poursuivre dans la voie du progrès et de la prospérité, merci de m'avoir renouvelé votre confiance, vous ne le regretterez pas, je m'en porte garant conformément aux pouvoirs que me confère la constitution. Pardon ? Un premier ministre ? Mais vous en avez un, jeune, entreprenant, efficace, pourquoi voulez-vous en changer ? Non, non, stabilité, vous dis-je, voilà le maître-mot, nous n'allons pas commencer à tout bouleverser alors que le monde entier ME regarde - pardon, nous regarde – à quelques jours des JO ?»

Et d'ajouter en lui-même « Normalement, nous sommes bien d'accord, si j'avais respecté l'esprit et la lettre de la constitution,j'aurais dû nommer JL MELENCHON sans attendre, ne serait-ce par ailleurs que pour emm...quiquiner François, si, vous savez bien, l'autre, là, non, pas BAYROU, l'autre, le rigolo, je ne me souviens jamais de son nom, comment c'est déjà, HOLLANDE, oui, voilà, merci. Mais vous me voyez ouvrir les JO avec Méluche à mes côtés, moi qui ne côtoie que les grands du monde ?? soyons sérieux ! Pardon ? Il ya une nouvelle assemblée ? Avec des élections ? Ça alors, c'est toujours pareil, personne ne me dit rien, si je ne fais pas tout moi-même, c'est le bordel !... »

Effectivement, soyons sérieux. La constitution donne le pouvoir au peuple, qui l'exerce au travers de ses élus. Il y a donc deux légitimités : celle du président, élu, et celle des députés, élus également. Mais quid de la légitimité d'un président qui vient d'être 3 fois de suite désavoué par le peuple, en 2022, aux européennes et finalement aux dernières législatives ? La réponse est dans la question. Et si ce président-Ponce-Pilate nous redit aujourd'hui « après moi le déluge », alors vivement qu'il dégage, tout compte fait et réflexion faite, quels qu'en soient les dangers, j'aime autant le déluge.

Frédéric PIC


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