Face au danger, trois possibilités : subir, hypnotisés par l'évidence insurpassable de l'inévitable (le lapin face au boa), se battre, mais en un combat si ce n'est inégal du moins forcément risqué (buffle face au lion, même le vainqueur y laissera des plumes) ou... la fuite, de loin le comportement le plus économique tant qu'il reste possible (la gazelle en réchappe cette fois, mais la prochaine ?)
À l'évidence, les humains ont choisi la fuite, mais la fuite … en avant. Nous ne pouvons vivre sans air, nous le rendons irrespirable. Nous ne pouvons vivre sans eau, nous la gaspillons, l'empoisonnons et organisons sa rareté. Les arbres sont nos poumons, nous les brûlons. Les animaux nos irremplaçables associés, nous les massacrons. Et quand je dis nous, je ne pense pas simplement aux plus nuisibles d'entre nous, ceux qui font ce qui advient, mais à tous ceux qui laissent faire ou applaudissent obséquieusement pour espérer en retirer quelque immédiat profit. (Lire et relire le « discours sur la servitude volontaire »)
Car pourquoi accepter le fait proprement délirant qu'un tel gagne mille fois plus qu'un autre, et pollue cent fois plus ? Au nom de quoi accepter qu'un Bruno LEMAIRE ose évoquer l'apocalypse en cas d'application d'un programme écologiste, alors que l'apocalypse, nous y sommes, et qu'il en est – avec ceux qui pensent et agissent comme lui -, co-responsable ? Pourquoi tolérons-nous des discours vantant la valeur travail, de la part de ceux qui vivent de rentes et du travail … des autres ?
Je suis frappé – pas vous ? - par le fait que nos dirigeants (mais pourquoi nous acharnons-nous à leur laisser le pouvoir ??) nous disent doctement qu'il va falloir s'habituer au réchauffement climatique, que d'autres pandémies vont survenir, bref qu'il faut se préparer au pire, mais qu'aucun ne dise que cela n'adviendra pas, car ils feront tout pour l'empêcher ? De tous les animaux, l'humain est probablement le plus intelligent, mais à le voir agir aujourd'hui, il s'avère on ne peut plus certainement le plus stupide. Et je ne suis pas loin de penser qu'il est globalement un peu plus stupide qu'intelligent (et surtout les plus riches et puissants qui pensent pouvoir échapper au désastre, alors que ce sont eux les incendiaires, et que leurs maisons brûleront évidemment comme les autres)
Et puis cet orgueil incommensurable, cet hubris qui nous rend si fiers de nos découvertes, de notre ingéniosité, de nos techniques surtout. Qui ne manqueront pas de nous sauver. Sauf que plus nos inventions sauf performantes, plus nous les utilisons, plus elles coûtent en énergie et matériaux, et plus nous sommes, au total, nuisibles. Car enfin, nous sortons de deux siècles d'explosion des techniques, et où en sommes-nous, sinon aux portes de l'apocalypse ? Parce que nous ne savons pas nous mettre de limites (à nous, des Dieux, des limites ??) Parce que nous nous croyons tout-puissants, pour ne pas voir notre infinie faiblesse. Et la dénier, comme notre finitude, que nous ne saurions accepter, puisque nous sommes, justement, si puissants.
Comme le lapin dans la lumière des phares, cette évidence nous aveugle et nous paralyse. Et comme un qui radote, nous disons qu'après avoir saccagé la Terre, nous irons, youpi, saccager Mars. Ou que nous nous rendrons éternels, pour peu que l'on laisse quelque premier de cordée investir dans le problème. Et que de toutes façons, le métavers nous transposera dans un monde imaginaire et accueillant où bien entendu la mort ne saurait être admise.
Le salut par l'Image en quelque sorte. Sauf qu'image n'est jamais que l'anagramme de magie, nous n'avons pas beaucoup progressé depuis que nous sévissons sur notre planète.
Y'a du boulot.
Frédéric
Pau