Depuis des décennies , l'humanité assume ce terrible paradoxe, de savoir qu'elle court à sa perte, et de ne rien faire pour l'éviter. Pas un politique, ou si peu, qui ne se prosterne devant l'icône de la croissance et ne l'appelle de ses vœux comme un indépassable progrès, alors que nous savons qu'il nous faudra, avant d'atteindre un équilibre supportable de production et de consommation, forcément décroître.
À cet égard, la (très sage) décision de renoncer à NDDL sera probablement jugée dans des décennies – de par son impact psychologique, sa médiatisation, les controverses soulevées et l'ancienneté du problème - comme le premier geste de rupture avec le toujours plus, toujours plus vite, plus haut, plus grand, plus cher. Le premier geste vers une nouvelle forme de progrès, raisonnable, humain en un mot. Imaginez, pour une fois l'homme renonce à sa toute-puissance, il sait faire, il peut faire, mais ne fait pas ! Admirable, non ?
Disons simplement qu'il est dommage que notre président ne le présente pas sous ce plan. Qu'il ait encore eu besoin de faire croire - communication oblige - alors qu'il avait pris sa décision depuis longtemps, de faire très sérieusement semblant de consulter...Et d'annoncer, pour faire passer la pilule de son (sage) retournement de veste, qu'il allait être d'une sévérité sans faille vis à vis des zadistes, ces chiens enragés qui bafouent la République.
Sauf que les zadistes se sont contentés, avec un appui citoyen très fort, de faire valoir... ce que le pouvoir a fini par reconnaître raisonnable. Qu'ils sont donc eux-mêmes raisonnables, même s'ils ne sont pas tous en costume-cravate souhaitant pour leurs enfants un avenir de milliardaires.
Sauf encore que chacun sait qu'on ne peut les « déloger » avant fin mars, hiver oblige. Et que, leur travail de résistants étant terminé, beaucoup repartiront. Quant à ceux qui voudront rester, les terres locales seront rendues à leurs propriétaires ou remises en vente ou en bail, libres à eux d'y poursuivre dans ces conditions leur travail de paysan, celui de nourrir leurs semblables sans détruire l'environnement.
Remercions-les donc. Les gendarmes du coup peuvent rengainer leurs grenades, il ne doit pas y avoir, il n'y aura pas de guérilla de NDDL, ni de nouveau Rémi FRAISSE : fin de la communication politicienne, place à la négociation pour le bien commun.
Frédéric PIC
(Nouvelle Donne)