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Billet de blog 17 septembre 2017

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MELENCHON ou la double tentation de la pureté hégémonique

Après une campagne présidentielle où avec le talent qu'on lui connait il a présenté ce qui pourrait représenter une véritable alternative de gauche au capitalisme financiarisé mortifère que l'on subit, JL MELENCHON s'est enfermé dans une double méprise : « Le programme de France Insoumise est le seul qui vaille, et nous sommes les seuls à pouvoir le porter »

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Il y a dans le terme de double méprise le substantif sous-entendu de mépris. Et il y a bien eu mépris coupable de FI vis à vis de ses partenaires potentiels lors de la séquence électorale écoulée : autoproclamé représentant d'un « peuple » mythique qu'il était le seul évidemment à pouvoir incarner, les candidatures (voire les simples tentatives de candidatures !) autres que la sienne ont été définitivement jugées non seulement comme inutiles, mais comme porteuses de division, et donc illégitimes. Et cette idée perdure, qui m'a été réassénée hier lors d'une réunion publique par un membre de FI !.

En clair, ne nous mélenchons pas, personne à gauche en dehors de FI n'a rien à dire, et surtout pas le droit de le dire, sauf à s'affirmer comme ennemi du peuple. Ceux qui ont commis ce crime de lèse-majesté sont donc responsables de son échec, que les sept plaies d'Egypte s'abattent sur eux et qu'ils veuillent bien se couvrir la tête de cendre.

Sauf que cette attitude, ajoutée au profil clivant de la personnalité de JL MELENCHON (personnalité que j'apprécie personnellement) a très probablement été à la source de l'échec de FI aux législatives. JLM refuse d'en assumer la paternité (ah bon, qui donc alors, puisqu'il y est allé tout seul ?) mais son splendide isolement ( « nous refusons de discuter, nous refusons même simplement de vous rencontrer, venez sous notre bannière et signez notre charte ») a me semble-t-il conduit à ce terrible constat d'échec : 17 députés (moins que le PS, c'est dire !), là où un partage des circonscriptions avec soutien croisé avec d'autres aurait créé une dynamique autrement puissante.

Et pourtant

S'il avait gagné, rien ne dit que la constituante aurait repris son projet, ni même son programme. Il aurait donc bien fallu qu'il concédât, ici ou là.

S'il avait gagné, puisqu'il veut à juste titre instituer de la proportionnelle, il aurait bien fallu qu'il tienne compte des autres partis pour gouverner (oui, car FI est bien un parti, comme tout groupement qui va aux élections)

À moins de demander l'indépendance pour FI dans une enclave du Vieux-Port, JLM doit et devra donc parler avec ceux qui sont prêts à l'accompagner. On comprend que l'échec du Front de Gauche, miné par l'opportunisme du PCF (et que je te critique le PS quand il gouverne, et que je l'aime pour le rejoindre en temps d'élections) l'ait quelque peu refroidi quant aux alliances de circonstances.

Mais si le leadership de FI est aujourd'hui un fait acquis, d'autres qui ne sont pas des incapables mineurs peuvent utilement apporter leur pierre à l'édifice pour compléter, infléchir si nécessaire, bref améliorer le programme de FI, qu'il s'agisse (liste non exhaustive) des écologistes vraiment de gauche, du PG, d'Ensemble !, de Nouvelle Donne, et bien entendu de Benoît HAMON. Il ne s'agit pas de chercher l'union pour l'union, mais de voir comment et avec qui construire, au delà du temps légitime de l'indignation et de l'insoumission.

À toi de voir, Jean Luc, mais je t'assure que ça en vaut la peine.

Frédéric PIC

Nouvelle Donne Béarn

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