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Billet de blog 18 avril 2020

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les asperges

Où le confinement pousse à un partage immodéré des tâches potentiellement dangereux pour la santé

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin footing, je me sentais un peu las, tu vois, comme quand tu restes enfermé plusieurs jours de suite. et de fait, j'ai mis 55 minutes et 40 secondes au lieu de 54 minutes. Waouh ! Pas la panique, non, pas l’inquiétude non plus, t’es pas le type à s’inquiéter pour ça, mais bon, le souci quand même, comment cette merveilleuse machine qu’est ce corps qu’un chacun t’envie a-t-il pu ainsi toussoter ? Est-ce que je prends RV ? Check-Up ? prise de sang ? un temps j’ai pensé que l’hépatite que j’ai faite à 25 ans rechutait, tu devrais te doser les transaminases que je me suis dit (la fatigue est un des premiers symptômes de l’hépatite) mais non, sois logique, tu t’en serais rendu compte, t’aurais eu des nausées hier soir après les 4 whiskys et les 4 gorgeons de Clos Roquine, non c’est pas l’hépatite. Alors quoi ?. le surpoids de la carte d’identité et du certificat de sortie ? peut-être, mais bon. En cherchant bien, y’a la sieste aussi, celle d’hier ne m’a pas réussi, un peu trop longue, sur le coup j’ai pas réalisé mais en réfléchissant au réveil j’ai eu, pas vraiment un malaise non, mais un peu barbouillé, tu vois, comme une esquisse de vertige, un je ne sais quoi, voilà, une annonce de fatigue qui ne devrait pas tarder à être sur le point d’émerger. D’ailleurs, je l’ai senti, oui, quand j’ai fait les mots croisés juste après, je n’avais pas cette aisance, cette élégance, ce je ne sais quoi dans le jeté de crayon qui fait que ma main arrive juste à suivre les injonctions de mon cerveau (des fois j’ai honte de comprendre aussi vite les astuces de Michel Laclos). Voilà !!, la sieste te dis-je, la voilà la coupable. On ne prend jamais assez de précaution, ça me servira de leçon. Tu te relâches, tu bâcles ton timing, 5 minutes de sieste en trop , et paf, fatigue, et le lendemain, un footing de merde, une tache rouge sur ton carnet de relevés de performances, la honte ! Mmmouais, d’un autre côté, plus j’y pense plus je me rends compte que ce malaise, cette esquisse de fatigue dont je te parlais est en fait survenue plus tard dans l’après-midi. Quand j’ai mis l’huile dans la farine, tout allait encore nickel, hop, une pincée de sel, et que je te monte la pâte sur fond musical, youpi. En cassant les oeufs j’aurais dû me méfier, j’ai merdé sur le dernier qui s’est splashé. Et j’ai rajouté la crême et le lait avant de battre les oeufs, ça aurait dû m’alerter. Mais non, un vrai sportif ne s’écoute pas dans l’effort, au contraire celui-ci le sublime. Comme dans un état second, au lieu de prendre un nécessaire temps de repos, tu ne me croiras pas mais dans la foulée et au risque de me mettre en dette d’oxygène je me suis mis à é-plu-cher les asperges. Tu vois, tu n’y crois pas toi-même. Et pourtant si ! Et pas une ou deux, non, tiens toi bien, douze, oui, tu as bien lu, douze d’un coup ! La voilà enfin démasquée l’erreur, que dis-je l’erreur, la faille, la fêlure, la faute. Il y a, vois-tu ma douce des choix douloureux, mais nécessaires. «  Contra el destino, nadie batalla » : sauf à mettre ma santé en danger, je me dois de renoncer la mort dans l’âme mais sans faiblesse à faire des quiches, éplucher des asperges et toutes ces sortes de choses.

Frédéric de Pau

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