Je ne connaissais pas Sylvain Maillard avant de l'interpeller le 16.09 sur Inter. Je rappelle ma question : « hormis les seconds tour des présidentielles, jamais la macronie n'a obtenu plus de 20% des inscrits, à quelque scrutin que ce soit. Par ailleurs, le parti Renaissance n'existe pas de fait, et vous n'êtes pas majoritaire à l'Assemblée ; comment vivez-vous ce déficit démocratique patent » ( j'aurais pu ajouter « et de légitimité»?)
En réponse, S.MAILLARD indique que notre système électoral fonctionne normalement, qu'il est parfaitement démocratique et que les discours – forcément populistes précise-t-il (tels que le mien je suppose) - le fatiguent. Il pense qu' en fait je suis partisan du vote obligatoire, indiquant par là que de toute évidence si la macronie ne fait pas de meilleurs scores (80% quand même des français qui n'en veulent à aucun moment) c'est parce qu'il y a très peu de votants : en clair, si les abstentionnistes qui sont de sacrés fainéants voulaient bien se donner la peine d'aller voter, ils voteraient bien entendu en masse pour lui.
Sans commentaire.
Concernant les impôts, sa déclaration fera date je pense par sa pertinence et sa hauteur de vue : S.MAILLARD nous a refait le couplet du ruissellement, en prétendant que les baisses d'impôts, génératrices de richesses produites, entrainaient un surcroît de rentrées fiscales : « plus les impôts baissent, plus les rentrées fiscales sont importantes et plus l'Etat s'enrichit, grâce au dynamisme économique engendré par ces baisses d'impôts »
Et de citer deux exemples : les rentrées fiscales 2022 en impôt sur le revenu (IR) auraient augmenté de 50% par rapport à 2017, et de 100% pour l'impôt sur les sociétés (IS). Sauf que ces augmentations ne sont respectivement que de 20% et 69% pour l'IR (petit mensonge). En ne comparant que 2022 à 2017. Mais si l'on prend la moyenne annuelle d'augmentation des rentrées sur les 5 années 2018 à 2022, les chiffres tombent respectivement à 6% et 15%. Gros mensonge, patatras !
Et S. MAILLARD oublie un fait majeur, essentiel, le quoiqu'il en coûte : là où une commission indépendante (1) l'estimait dès fin 2021 à 740 milliards (mais en incluant des prêts garantis qui ne seront pas tous à rembourser) Romaric GODIN dans son excellent billet du 22.08.23 les estime à 500 milliards (2). Une telle manne, distribuée par ailleurs vers les entreprises beaucoup plus que vers les ménages, sans préparation, sans étude d'impact, à l'aveugle, sans bilan de suivi ni à postériori – et qu'il faudra bien faire un jour – Cette manne donc a généré des effets d'aubaine comme en témoignent l'effondrement du nombre de faillites ( qui reaugmentent évidemment aujourd'hui, comme va réaugmenter le chômage) et l'enrichissement scandaleux des plus riches (3). Encore heureux que cette gabegie (5) ait eu quelques effets bénéfiques, et que les enrichissements indûs se soient traduits par une hausse des rentrés fiscales : là est la vrai raison de cette micro-embellie.
Et sûrement pas comme le montre encore Romaric Godin (4) dans les baisses d'impôts, sur lesquelles la macronie est du reste en train de revenir toute honte bue, tout en disant officiellement le contraire.
Mais prenons-le au mot : si les baisses d'impôts sont si bénéfiques pour les finances de l'état, supprimons-les tous, et voyons ce qu'il en est du budget de l'état : je pense que Mr MAILLARD ne sera pas déçu du résultat (nous peut-être si, un peu)
Et qu'ils ne vienne pas nous raconter que la suppression de la taxe sur l'audiovisuel et la taxe d'habitation sont des baisses d'impôts, comme si les dépenses afférentes avaient disparu comme par enchantement au niveau des médias et des communes, du seul fait de ces annonces : elles n'ont eu pour résultat que de mettre à la merci du pouvoir central les territoires, en les contraignant entre autres à augmenter dans les proportions que l'on sait la taxe foncière.
Enfin, pour en revenir au « dynamisme économique » dont se gargarisent autant Bruno LEMAIRE que S.MAILLARD, rappelons quelques constantes qui ne trompent pas :
- en matière de taux d'emploi (bien meilleur baromètre que le taux de chômage, qui ne prend pas en compte ceux qui ont été ou se sont exclus des statistiques) la France est 21ème sur 27 en Europe
- en matière d'endettement, 23ème sur 27, seuls 4 états font pire que nous (6)
- En matière de déficit commercial la France est championne toutes catégoris, 27ème sur 27, véritable cancre : toutes les entreprises certes ne sont pas à mettre dans le même sac, mais comment arrivent-elles à créer 130 milliards de déficit en bénéficiant de 160 milliards d'aides directes (sans compter les aides des infrastructures et des services publics) et en distribuant plus de 60 milliards de dividendes (30% des dividendes européens , seule la GB fait mieux)

Agrandissement : Illustration 1

Donc, élève MAILLARD, copie à revoir, et je ne sais même pas s'il peut mieux faire..
Frédéric PIC, de Pau
(1) une-commission-d-enquete-pour-lever-le-mystere-des-aides-publiques-au-secteur-prive.pdf
(2) https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/220823/le-budget-2024-signe-la-faillite-intellectuelle-de-la-politique-economique-du-gouvernement
(4) « Ruissellement » / la leçon de Londres à Emmanuel Macron | Mediapart.pdf
(5) gabegie au plan sanitaire aussi, les deux sont liés. J'en ai abondament parlé, et j'y reviendrai, mais je voudrais rappeler deux faits :
- âge moyen des décès covid selon Santé Publique France : 82 ans. Pour une maladie ne concernant donc que les plus âgés et les plus fragiles, fallait il vraiment contraindre à la « vaccination » les adultes jeunes, les adolescents, les enfants et jusqu'aux nourrissons ?
- « tous vaccinés, tous protégés », le plus formidable bobard des années covid : au fait, un vaccin qui ne protège pas de la maladie correspondante (dixit Santé Publique France), en voilà une nouveauté qu'elle est nouvelle ! Et comme les « vaccinés » ne protègent pas non plus les autres, le pass sanitaire qui devait restreindre la propagation du virus en a été le principal vecteur. Un tel « vaccin » (et je ne parle pas des effets indésirables, en nombre jamais vu) était-il vraiment indispensable ? À quel coût économique ? À quand l'indispensable audit sur ces deux plans, économique et sanitaire, en lieu et place du lénifiant « circulez il n'y a rien à voir » officiel ?
(6) https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne/#:~:text=La%20dette%20publique%20s%27établit,13%20500%20milliards%20d%27euros.