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Billet de blog 20 janvier 2019

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LES OURS SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS

ce vendredi est à retenir, qui a vu notre Président lors d'un entretien avec les maires d'Occitanie résoudre en deux phrases d'une fulgurante intuition le problème des ours pyrénéens dévoreurs de brebis, suggérant de prélever les plus agressifs (le temps d'une psychothérapie sans doute) et d'en transporter de là où il y en a trop vers là où il y en a moins (avec obligation SVP de ne plus bouger)

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LES OURS SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS

Fulgurante intuition de notre Président lors de son dialogue avec les maires d'Occitanie, concernant le problème de l'Ours (et de l'Ourse, je ne saurai m'attirer les foudres des féministes) dévoreuses et dévoreurs de brebis. Trop d'ours dans certains départements, nous dit-il, et il a raison. Tant de clairvoyance étonne. Certains d'entre eux, ayant probablement subi de graves traumatismes familiaux dans leur enfance, s'avèrent particulièrement agressifs et dangereux. Pertinente analyse. Dès lors, que faire ? Rien de plus simple, nous réplique la redoutable machinerie intellectuelle du président : prenons des ours (ourses) là où il y en a trop, et déposons-les là où il n'y en a pas assez. Et les visages des maires de s'épanouir, la clameur montant de l'assemblée, admirative : « mais c'est bon sang bien sûr, comment n'y en avons nous pas pensé ? » disent-ils en s'esclaffant et se tapant mutuellement dans les mains, ouf !, un problème en moins !

Alors certes quelques grincheux (cheuses) au fond de la salle marmonnèrent-ils que les ours (ourses) qui ne sont pas des fainéants, ne rechignent pas à faire 300 bornes (surtout les ours, ces êtres frustres prêts à tout pour satisfaire leurs bas instincts et accessoirement la survie de l'espèce) afin d'aller conter fleurette à leurs congénère(e)s. Billevesées, balivernes, leur rétorqua la présidentielle machinerie intellectuelle : passons commande d'une dizaine d'hélicoptères (bon pour l'industrie, excellent pour Turboméca), et hop, je te chope Rodri, je te l'envoie rejoindre Claverina, et hop, retour à la maison pour le fugueur Cannelito. Quelques voix facétieuses s'élevèrent bien pour proposer, en lieu et place de transvaser les ursidés (oui, je sais, ursidées) d'une vallée à l'autre, de transporter les vallées, mettre Ossau en Aspe et vice-versa, ça romprait en outre la monotonie des paysages pour les autochtones. Trop compliqué, leur fut-il répondu, motion hélico acceptée à l'unanimité. Rejet itou de la proposition de quelques élus mal léché(e)s de mettre des panneaux de signalisation idoines du type « halte-là, ami, vade retro, prière de retourner fissa en luchonnais ». Crétins, leur dit-on en exergue, « les ours (ourses) ne savent pas lire ! » Ah bon ?

Ce problème résolu (comme quoi, on va parfois chercher des solutions trop compliquées là où le bon sens évident devrait s'imposer) restait à résoudre l'épineuse question de l'agressivité d'Ursus Arctos. Prélevons ces contestataires, dit le président. En voilà une idée qu'elle est bonne, mais que faire de ces énergumènes ? Jupiter ayant été peu prolixe à cet égard, le tumulte se fit, comme en un Grand Débat : « je suis prêt à monter un centre de psychothérapie animale », dit l'un, rêvant des subventions adéquates et des emplois ainsi créés. « Envoyons-leur Castaner » suggéra un maire sans étiquette ne faisant pas de politique mais ayant néanmoins des idées bien arrêtées.« Mettons-les en cage » (« et faisons-les-y tourner » ajouta un plaisantin) « Pulvérisons des tranquillisants sur la végétation » proposa un maire pharmacien. Le consensus émergea enfin du brouhaha pour décider qu'on leur mettrait un gilet jaune, afin que les brebis les voient venir de loin.

Comme quoi, des ours en pluch, et un problème en moins. Suffisait d'y penser.

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