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Billet de blog 21 mars 2017

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CRUELLA, TARTUFFE, PETER PAN, RASTIGNAC ou CYRANO, casting pour un seul premier rôle

Narcissiques, ambitieux, menteurs ou profiteurs plus souvent qu'idéalistes ou serviteurs, les politiques nous jouent leur cinéma au Grand Théâtre de la Présidentielle où nous pouvons les imaginer dans des rôles qui ne sont pas forcément de composition

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Bateleurs de la mesure révolutionnaire et du raser gratis, ils se transforment en coulisse plus vite qu'un Fregoli, inventent, plagient, assènent d'invérifiables chiffres, font des effets de manche et à la fin de l'envoi décochent la réplique qui tue. Essai de Casting pour MARIANNE :

Marine LE PEN – commençons par elle pour nous en débarrasser une fois pour toutes – ferait une CRUELLA parfaite : championne d'Europe des suspicions d'escroquerie en tous genres, addicte au luxe, notre vociférante accro au cumul et donc au travail mal fait ne saurait masquer derrière des mesures de relocalisations de bon sens partagées par tous sa violence et son intolérance. Bonjour la Fraternité. Aux précaires sommés de la croire, je conseille la lecture de sa proposition 56 sur la défiscalisation de l'héritage, ils se sentiront d'emblée concernés. Bonjour l'Égalité. Quant à notre Liberté, prière de se rapporter à ses propos séditieux sur les menaces de rétorsions contre les fonctionnaires qui auraient osé participer à des procédures la concernant. Nous joue faux un texte inaudible : au revoir CRUELLA, on vous téléphonera (pas sûr).

Pour FILLON s'impose un MOLIÈRE d'honneur : confit lui aussi dans ses décennies de cumul, ses costards indécents et ses petits (pas si petits) bénéfices honteux qui font les grandes fortunes, il ferait un HARPAGON plus vrai que nature. Et que dire du premier ministre qui se voyait déterminer et conduire la politique de la France et qui n'en a rien fait en s'aplatissant derrière son omniprésident, puis qui ose proposer après avoir été pris les doigts dans la confiture de moraliser la vie politique, si ce n'est qu'il triompherait en TARTUFFE ?

MACRON pose problème. Il est sympa, plein d'empathie pour nous tous ses amis – il nous aime férocément, n'oublions pas – et manie le merveilleux, l'imaginaire, semant en lévitation sa poudre de perlimpinpin de progrès, d'énergie et de bonheur partagé aux quatre vents. Ce grand adolescent béni des dieux que des dizaines d'admirateurs suivent comme hypnotisés sans même qu'il leur ait dit où ils allaient, mais c'est bon sang bien sûr PETER PAN. Mais un PETER PAN qui aurait taxé l'ONC'PICSOU pour financer sa campagne en faisant croire que se sont ses groupies à coup de billets de 10 euros. Sacré acteur !

J'ai longtemps cherché quel rôle attribuer à Benoît HAMON. Socialiste sans l'être tout en l'étant ; pourfendeur du programme de HOLLANDE tout en le défendant. Abusant sans vergogne du soutien d'un parti qu'il n'a de cesse de critiquer depuis 3 ans. Messie d'une démocratie exigeante mais cumulant sans vergogne ses émoluments de député et de conseiller régional. Plagiaire maladroit du programme de Nouvelle Donne, parti qu'il a participé à priver de parole – c'était plus sûr - en participant à son éviction de la primaire pourtant proclamée ouverte. Osant hier soir se réclamer des lois De Robien sur la réduction du temps de travail (jamais citées dans son programme) en oubliant de dire que PIERRE LARROUTUROU en était l'inspirateur, HAMON a un bon projet mais sait à l'évidence jouer des coudes : excellent RASTIGNAC, meilleur prix … du second rôle .

En attendant les six candidats suivants à l'audition, j'avoue que Jean Luc MELENCHON m'a paru jouer juste. Certes il en rajoute, certes il nous joue encore le 5ème acte avec des « de l'Atlantique à l'Oural » alors qu'il prétend déclamer le 6ème, mais il n'a pas hésité à prendre le risque de quitter la troupe du PS quant elle s'embourgeoisait pour faire entendre sa petite musique. Et quel coffre, quel souffle ! Là où dans les 144 propositions de CRUELLA n'est pas cité une seul fois le mot « chômage », lui a su dire la cupidité, les inégalités. Et dire la geste républicaine, prendre de la hauteur, là où les autres accumulaient les mesurettes en autant de calculs d'apothicaire. Il a des défauts, tant mieux. Mais il a incontestablement du nez : autant dire qu'il y a chez ce type du CYRANO (j'allais dire du ZORRO, mais là faut que j'arrête de fumer) et franchement, je le verrais bien en haut de l'affiche.

Frédéric de Pau

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