Rien de tel qu'un rite, surtout qualifié de sacré, pour contraindre par la peur à l'allégeance au groupe et à la servitude volontaire (là n'est pas mon propos, mais les tests anti-covid en sont un excellent exemple) On peut donc comprendre que des femmes, formatées dès l'enfance à un statut d'objet privé du si naturel plaisir d'être soi-même - sinon de plaire - en viennent avec enthousiasme à s'invisibiliser (mais on se demande pourquoi, si la vue des femmes est si dangereuse, pourquoi ce ne sont pas les hommes – petits êtres fragiles – qui s'en protègeraient en portant lunettes opaques et canne blanche ?) Concernant le burkini, moulant on ne peut plus, s'il s'agit de passer inaperçue, c'est raté puisqu'évidemment on ne voit qu'elle : que la dame ne corresponde pas aux canons de la beauté du moment ou que sa silhouette évoque Marylin, elle est impudique aux yeux des censeurs. Certes elle aura servi de porte-drapeau rappelant que sa religion entend rester présente jusque dans l'espace public, mais elle y aura perdu son statut de citoyenne, s'excluant par là-même de la communauté républicaine. Piètre victoire.
Mais bast, ne donnons pas plus d'importance à ce fichu fichu, qui n'est en fait si l'on y réfléchit que très peu différent des combinaisons des surfeuses ou des adeptes de la plongée sous-marine, combinaisons qui ne suscitent les anathèmes d'aucune foule fanatisée là où elles abondent (les combinaisons, pas les foules). Il est simplement inadapté et un peu ridicule à nos yeux ? Eh bien enfonçons le clou : pour que les formes de la dame ne puissent en aucun cas s'avérer dangereusement suggestives, et donc impudiques, je ne vois qu'une alternative : le scaphandre. J'entends d'ici les récriminations des organisateurs, qui soulèveront de ridicules obstacles techniques qui ne sauraient être opposés au sacré. Je n'y vois en fait qu'un inconvénient, que les talibans ont parfaitement cerné et jugulé en imposant la burka : le scaphandre laisse voir l'élément le plus dangereux, le plus redoutablement déstabilisant de la femme : les yeux.
Comme quoi rien n'est parfait.
Frédéric PIC
PAU