Cette interdiction administrative est donc juridiquement infondée. Les maires désirant afficher la bannière palestinienne n'obéissaient à aucun cheminement partisan mais réaffirmaient simplement à bon droit la force légitime de notre tryptique universaliste dont on ne voit pas pourquoi - au nom de quelle neutralité aveugle, honteuse, racornie et repliée sur elle-même – on ne pourrait la réclamer pour le peuple palestinien aujourd'hui martyrisé ?
On nous objecte qu'ils importeraient ici le conflit du Moyen-Orient. Mais cela fait des lustres que ce conflit nous envahit, nous obsède, nous préoccupe, nous imbibe sans qu'il soit besoin d'en rajouter pour qu'il soit importé par qui que ce soit. Et rien ne nous interdit, tout nous oblige au contraire à observer et juger de comment se conjuguent liberté, égalité et fraternité partout dans le monde, et de dire ce que nous en pensons quand elles sont bafouées.
C'st donc à tort que la loi s'oppose à la dénonciation démocratique de l'émotion suscitée par une injustice factuellement établie . Nous sommes alors en droit de nous y opposer , à l'instar de ce que prônait l'art. 35 de la Constitution du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. ». Car en refusant la présence de ce drapeau c'est en fait - geste terrible - la négation symbolique de l'existence même du peuple palestinien qui est ici proférée, consciemment ou pas, par Mr RETAILLEAU. Et personne ne peut évidemment l'accepter.
Un mot concernant la reconnaissance de l'Etat palestinien , qui ne saurait bien entendu être soumise à aucune condition : comment exiger la perfection de la part d'un peuple persécuté, volé, chassé de ses terres, occupé, colonisé, humilié, soumis à un ordre militaire inique et violent depuis des décennies, sans rien exiger de son tortionnaire pour lequel on a"opportunément" inventé le concept de "droit inconditionnel à la sécurité d'un état génocidaire" !. On parle de "désarmer le Hamas", (seuls les palestiniens en décideront, comme ils décideront du sort des collaborationistes qui cogèrent la Cisjordanie) mais je n'entends nulle part réclamer le désarmement de l'état israélien, responsable du massacre et de la dévastation impardonnables que l'on sait - et ce serait pourtant plus logique et plus efficace..
Donc non, l'ukase de la honte de Mr RETAILLEAU ne saurait être accepté, et les drapeaux palestiniens peuvent refleurir au fronton de nos mairies.
Pour finir, il serait de bon ton que les médias arrêtent de seriner que le Hamas refuse l'existence de l'état d'Israël et revendique pour lui seul un état, de la mer au Jourdain : la charte en a été modifiée officiellement le 1er mai 2017 par la voix de Khaled MECHAAL, en acceptant un état palestinien dans les frontières de 1967, ce qui implique évidemment la reconnaissance de l'état israélien. Lequel de son côté n'a jamais reconnu pour lui quelque frontière ou limite que ce soit, et c'est lui qui travaille avec la fureur que l'on sait à ce qu'il n'y ait bientôt plus aucun palestinien sur sa terre d'origine.
Frédéric PIC
Pau