Frédéric PIC

Abonné·e de Mediapart

259 Billets

0 Édition

Billet de blog 25 février 2017

Frédéric PIC

Abonné·e de Mediapart

les parrainages, ou le déni de démocratie

Les partis au pouvoir jouant sur leur vivier d'élus s'autorisent à participer à la compétition présidentielle. En exerçant d'"amicales"pressions sur les élus de petites communes, ils interdisent de fait aux autres concurrents non seulement de participer, mais simplement de pouvoir accès aux médias pour s'exprimer. En référence aux "parrains", jamais le mot de parrainage n'a été aussi bien choisi.

Frédéric PIC

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En fait je suis colère.

Déjà, François BAYROU dont j'avais pronostiqué la candidature me coûte deux bouteilles de champ (je pense normal d'aller les lui réclamer un de ces quatre)

Et puis, la pêche aux parrainages, en fait, basta !

Les élus n'ont pas demandé à jouer ce pouvoir exorbitant d'arbitre autorisé à expulser des joueurs n'ayant commis aucune faute. Mais ils ne l'ont pas refusé non plus, ce qui leur donne une responsabilité à la hauteur de ce pouvoir de nuisance. Car c'est bien de cela qu'il s'agit :

Les « grands » partis ayant déjà des élus en nombre suffisant peuvent piocher sans difficulté dans ce vivier. Et ne se privent pas de « conseiller » amicalement aux maires de petites communes qui dépendent d'eux pour nombre de subventions, de ne pas parrainer « à la légère » tel ou tel candidat qui pourrait leur faire de l'ombre.

Mais quid des « petits » partis, dépourvus à la fois de finances et de réseaux ? Ils sont contraints de quasiment mendier ces signatures dont on ne voit pas de quel droit, ou sous quel prétexte, elles leurs seraient refusées. Or ces partis ont d'autant plus de choses à dire que les médias – focalisés sur ceux qui sont au pouvoir - leur sont fermés le reste du temps et pérennisent leur fragilité.

Pour dénoncer ce déni de démocratie, six candidats ont lancé un appel commun à parrainages : Alexandre Jardin, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise-Franquet, Philippe Poutou, Oscar Temaru et Christian Troadec ne sont sûrement pas d'accord entre eux, mais chacun désire que ses adversaires puissent s'exprimer :

http://twitter.us7.list-manage.com/track/click?u=e077cb9f97a3f9da0ea235bea&id=0efb12aa6a&e=2616e48a6a

Sourds aux menaces, de nombreux élus ont permis à ces parias de la démocratie de s'exprimer ; qu'ils en soient remerciés. Mais aujourd'hui, aucun parrainage ne devrait manquer :

D'abord parce que chacun a bien compris que ces signatures ne sous-entendent aucun soutien à ceux qui les demandent. Ensuite et surtout parce que les élus ont été investis par ce pouvoir d'un rôle, j'allais dire d'un devoir civique dont ils ne peuvent se défausser sous prétexte par exemple qu'il y aurait trop de candidats, ou qu'eux-mêmes siègent dans des conseils apolitiques. Ou que ça ne les regarde pas, car si, ça les regarde !

Mesdames et messieurs les élus, ce n'est pas une faveur que nous vous demandons, c'est un droit constitutionnel, celui de pouvoir nous exprimer. Comment pourrait-on en juger avant de nous avoir entendus ? Si vous signez ces parrainages, vous appliquez les textes constitutionnels. Si vous les refusez, vous n'êtes pas neutres, mais censeurs en lieu et place des électeurs . En avez-vous le droit ? Sommes nous des fripouilles, des fous, des criminels, de redoutables boute-feux qu'il faudrait condamner au silence, à l'heure où - en plus - de vrais tricheurs s'affichent et bonimentent à longueur de journée sur tous les médias?

Je pense que cela mérite réflexion, si l'on veut croire que le mot de démocratie a un sens.

Peu importe lequel des candidats je défends ici, tous doivent avoir le droit de s'exprimer. nous comptons sur vous pour le leur donner. Vous ne courrez qu'un danger, celui de défendre la liberté d'expression.

Frédéric PIC

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.