Sur Bétharram une remarque malgré tout : les seules preuves irréfutables apportées par F.BAYROU tiennent apparemment en une phrase : « tout le monde ment ou affabule, moi seul dis la vérité, donc j'ai raison, la preuve ». Je veux bien le croire sur parole, mais un sondage auprès d'amis, proches ou connaissances est cruel : personne ne croit à ses arguments, chacun est persuadé qu'il a eu connaissance des faits et qu'il est intervenu. Les gens décidément sont médisants.
Sur la politique internationale, pas un mot. Il se contente d'affirmer comme E.MACRON enfin rendu à l'évidence que la situation à GAZA est inacceptable. Moyennant quoi nous l'acceptons. Et intolérable, moyennant quoi nous la tolérons. Sur l'UKRAINE, Il faut toutefois lui reconnaître le mérite de dire ce que tout le monde sait : nous sommes forts, mais veules. Nous devrions faire plus. Ou faire tout court. Mais voilà, nous ne faisons pas. À sa décharge, le président ayant soi-disant seul la haute main sur la politique internationale et ses positions oscillant tel un pendule fou, mieux vaut pense-t-il le laisser s'enferrer seul dans ses contradictions et volte-faces...
Mais venons-en à la politique économique : rappelons tout d'abord que nous avons appris un matin que le ministre des économies et de la finance nous avait caché, vilain cachottier, un déficit surprise de 50 milliards, déficit imputable donc au clan macronien. Une paille. Le clan responsable aurait pu s'en excuser, s'en mordre les doigts, dire qu'il laissait la place à de plus compétents. Mais E.MACRON a imperturbablement choisi après dissolution de laisser le boulot de combler le trou à ceux qui l'avaient creusé, replaçant sans vergogne au pouvoir les perdants des élections, qui plus est sans programme. Sauf un à l'évidence : nous allons essayer, avec les mêmes méthodes, de faire pire qu'avant. Mais en appelant devant la gravité de la situation à un effort de tous (sauf des plus riches, ne plaisantons pas) et en clamant qu'il n'était pas question d'augmenter la dette (tout en augmentant les emprunts prévus : 440 milliards en 2024, 340 en 2025, la France est ici comme sur la quasi totalité des items économiques le cancre de l'Europe) Ni bien sûr les impôts (dogme absolu, à l'image mais aussi mystérieux et surprenant que celui de la virginité de Notre Dame de Bétharram)
Qu'en dit le Docteur BAYROU ? « Nous ne produisons pas assez ! ». Et puis ? Et puis rien, nous ne produisons pas assez, c'est tout. C'est possible, mais de quoi ne produisons-nous pas assez ? Des trains, des pommes, du pinard, du taffetas, des néonicotinoides ? Trop de mauvaise qualité, trop de luxe ? pas assez de kalachnikovs, d'ingénieurs, de professeurs, de gendarmes, de services ? Mystère. Donc ça ne veut strictement rien dire. Il faut par contre devant notre naufrage économique se poser en effet diverses questions : de quoi avons-nous réellement besoin ? Que nous manque-t-il ? Que ne produisons-nous pas par nous mêmes effectivement ? Que consommons-nous en excès ? Pourquoi ?
Pourquoi sommes-nous les champions du déficit commercial ? Qui a délocalisé et pourquoi ? pourquoi importons nous la moitié de nos fruits et légumes, et exportons-nous la moitié de nos céréales ? qui en décide ? Quid de nos accords commerciaux ? Pourquoi soutenons-nous certains secteurs, et pas d'autres ? Pourquoi nos entreprises, qui crient à qui veut les entendre qu'elles veulent se débrouiller seules mais acceptent les 200 milliards d'aides annuelles ne savent-elles pas se vendre ? Car si l'on nous bassine que ce sont elles qui « créent les emplois », alors il faut accepter de dire aussi que ce sont elles qui les détruisent.
Sans compter que ce « nous ne produisons pas assez » sous entend que nous sommes non seulement mauvais, mais flemmards : « regardez comme les autres produisent, en travaillant plus que nous ». Ah bon ? Chiche : discutons : quelle agriculture pour demain, quelle industrie ? Qui prendra les décisions, qui financera ? Quid du public, quid du privé ? On se rengorge de 40 milliards d'investissements étrangers... dans la fabrication de centres de données (on nous a demandé notre avis ?, pour quelle pollution, quelle consommation énergétique ? ), pour l'industrie du parfum, de la banque en ligne et des navires de croisière ! En voilà des secteurs qui vont améliorer notre bilan carbone !
Si votre phrase donc, Mr BAYROU, soulève une vraie question, elle n'est donc en aucun cas une réponse. Tout au plus une incantation propre à masquer votre impuissance. Car la vraie solution sera peut-être de produire plus, mais peut-être moins, ou peut-être un peu plus ici et beaucoup moins là. Une seule réponse à cela : le plan. Ce qu'il nous faudrait d'urgence c'est bien un haut commissariat au plan. Mais un vrai. Qui fasse son boulot, et qui nous y associe tous.
Frédéric PIC
Pau