Le 9 avril 2002, François BAYROU s'attirait les félicitations de la plupart des commentateurs pour avoir giflé un gamin qui lui faisait les poches. Et pourtant le MODEM du même BAYROU sera à l'origine de la loi qui le 11 juillet 2019 réprimait les chatiments corporels infligés aux enfants, en incluant cette phrase dans la loi : L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. Rappelons que le petit giflé s'appelait Yacine, enfant des cités. Les félicitations auraient-elles été aussi nourries s'il avait giflé un enfant différent, disons par exemple un élève de la très élitiste École alsacienne où sont inscrits les enfants du ministre de l'Éducation Nationale ? Pas sûr ...
Et pourtant BAYROU a frappé un enfant, supposé plus fragile qu'une adulte, comme l'est l'épouse d'A.QUATENNENS. Laquelle a malgré tout l'indignation lente et réfléchie, moins rapide qu'une gifle en tous cas, puisqu'il lui a fallu une année pleine avant de se décider à déposer une main courante à l'encontre de ce geste évidemment malvenu. Tout en faisant publiquement savoir qu'il n'était pas question pour elle de déposer une plainte, ce qu'elle fera toutefois peu après, en même temps qu'elle diffusait un communiqué également public pour accuser son mari de faits – graves mais non étayés - qu'elle n'a toutefois pas rajouté à sa plainte auprès de la justice, les rendant pour le moins peu crédibles..
D'autres l'ont dit avant moi, à part les époux QUATENNENS personne ne sait ce qui s'est passé le jour de la gifle. Je vais toutefois m'immiscer : on devine ce qui peut se tramer au sein d'un couple en train de se déchirer : les reproches fusent, le ton monte, suivent des termes plus durs, voire des insultes. La violence est là – de part et d'autre -, des mots sont lancés pour humilier, pour détruire, afin que seul l'autre soit responsable du drame qui se joue. Et des mots peuvent meurtrir plus que des armes. Alors oui, une gifle peut partir dans ce maëlstrom émotionnel, comme d'autres coups, et l'on sait que l'on est allé trop loin, et cette acmé souvent fait retomber la tension et reprendre ses esprits.
Et donc oui, A.QUATENNENS a lancé cette gifle, comme il aurait pu casser de la vaisselle ou tout autre geste alternatif. À titre indicatif, il eût mieux valu d'ailleurs qu'il dise « un moment, je reviens ... » et sorte donner sa gifle au premier péquin passant dans la rue – en s'excusant bien entendu : « désolé, c'était vous ou ma femme », la peine prévue pour ce geste sans aucune conséquence physique étant une simple amende, contre une peine aggravée en milieu intrafamilial !
Alors oui notre bouillant et très brillant député s'est emporté. Mais j'observe que rien dans l'état du dossier ne vient faire accroire qu'il serait en dehors de cet épisode cataclysmique coutumier du fait, et qu'il n'est donc pas de ces révoltants conjoints frappeurs. J'observe également que son épouse non seulement le charge, mais le charge publiquement sans argumenter le moins du monde, ce qui me gêne car il y a là une inégalité des armes choquante. Là où le seul reproche public que AQ fasse à son épouse est qu'elle agit sciemment pour détruire son activité politique, là où elle aurait pu s'en tenir à l'espace privé. Et force est d'observer que c'est bien ce qui se passe.
Car enfin chacun sait bien ce qui se joue quand un couple se sépare : les torts sont forcément partagés. Et s'il y a de sombres machos, il y a des femmes menteuses ou répondant au tryptique bien connu de Brassens. Sauf qu'ici se joue en arrière-plan un vaudeville politique aux relents nauséabonds : QUATENNENS est brillant, et promis à un brillant avenir, et on ne cherche rien moins que sa mort politique. Ça fait cher payé. Alors voir ou entendre la plupart de ses « ami(e)s » politiques se liguer sans pitié avec une parfaite hypocrisie pour le dézinguer, comme s'il avait assassiné père et mère, est assez révoltant. Mais bon, nous vivons une époque où la défense d'un féminisme exacerbé et sans nuance est un élément indépassable pour qui veut réussir en politique (Et je ne parle pas des LGBT, je vais déjà recevoir suffisamment de volées de bois vert) Et il n'est jamais inutile d'éliminer un concurrent, qu'il soit ami ou adversaire...
Cette dénonciation vertueuse de la violence serait compréhensible et acceptable dans un monde d'où elle aurait été non seulement bannie, mais psychologiquement rejettée comme inacceptable par tous. Alors une gifle lancée sous le coup de la colère et sans la moindre conséquence dans une scène où se joue sa vie, c'est bon. C'est mal, c'est très mal, on l'a dit, il l'a admis, et basta, à l'heure où la violence est partout, de la rue aux entreprises ou aux champs de bataille, mais aussi dans le discours politique, on doit pouvoir me semble-t-il passer à autre chose. C'est ce que je souhaite à A.QUATENNENS. Car il porte, et avec quelle éloquence, une parole dont nous avons besoin.
Frédéric PIC
PS aucun rapport, mais quand je lis que notre président aurait conseillé aux libanais (de quoi je me mêle ?) de se débarrasser de leurs dirigeants, je pense qu'il y a effectivement ici ou là des gifles qui se perdent...