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Billet de blog 27 juillet 2024

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Le coup d'état permanent, nous y sommes

Chacun a bien compris qu'en refusant de nommer Lucie CASTETS 1ère ministre (et les palinodies du NFP n'y changent rien, elle s'impose) E.MACRON entendait refuser d'avoir tort et profiter abusivement de ses prérogatives pour tordre le cou à la démocratie et agir non dans l'intérêt commun mais dans le sien propre et celui de sa coterie.

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Je rebondis sur cet intéressant billet de Paul ALLIÈS pour réfléchir à ce qui pourrait utilement être modifié dans nos institutions

https://blogs.mediapart.fr/paul-allies/blog/240724/crise-de-regime-une-question-de-culture-politique :

Le rôle du président :

Impossible de continuer à tolérer - surtout depuis E.MACRON - un président qui bafoue la volonté populaire, tord le bras à la constitution et ne poursuit qu'un seul but, prouver qu'il a raison et imposer par tous les moyens son point de vue avec un cynisme et une brutalité jamais vues. Son appel à "un esprit de compromis" pourrait faire rire si ce n'était tragique, lui qui n'en a jamais fait, a toujours imposé sa volonté  et qui le fait encore aujourd'hui, quittant son rôle d'arbitre pour s'installer à la manoeuvre afin de briser le résultat du scrutin et le malaxer jusqu'à obtenir l'abandon de la majorité relative ayant remporté les élections - avec un programme - pour la remplacer par une autre majorité relative de bric et de broc sans programme mais à sa botte.

Il est vrai qu'il a l'habitude, lui qui a été élu en 2022 sans programme discuté en campagne et invalidé par les législatives ayant suivi son élection. Et qui a malgré tout "gouverné" (que n'a-t-il cherché un compromis à ce moment ?) avec l'inefficacité brutale que l'on sait : la dissolution était inéluctable au soir des législatives, c'est là qu'elle aurait dû survenir.

La nomination du premier ministre

par le président, comme le souligne le texte à juste titre le texte d'ALLIÈS : le gouvernement "déterminant et conduisant la politique de la nation", c'est de fait le président qui la conduit, puisque le premier ministre n'est que le ...premier, et que c'est le président qui préside le Conseil, et donc le gouvernement.

Lorsqu'il a (ou qu'il estime avoir comme en 2022) la ou une majorité, il a tout loisir de donner libre cours à son imagination – ou son désir de nuire, au choix - pour désigner le 1er ministre. Ici il n'a plus la main, ni le choix : le résultat des urnes est : perdant MACRON, en tête le NFP. Il doit donc se soumettre, et désigner Lucie CASTETS, quel que soit l 'avenir – prévisible ou pas – du gouvernement qu'elle proposera. Et cette décision de remettre une nomination à … on ne sait quand est surréaliste et inacceptable.

le Conseil Constitutionnel,

que le mode de désignation très politique rend par trop perméable aux désidératas du pouvoir : il vient ainsi s'il en était besoin de se délégitimer par la non-censure qui s'imposait de la loi-retraite. Espérons qu'il censurera l'élection de BRAUN-PIVET obtenue grâce aux voix des ministres n'ayant aucun droit à siéger dans l'Assemblée (article 23) : qu'ils soient qualifiés de "démissionnaires" ne saurait masquer qu'ils sont en réalité actifs, en fonction, et ne sont démissionnés que de nom, et non de fait.

Le Conseil d'État

aux nominations là encore partisanes et trop peu juridiques a fait montre d'une docilité surprenante  face aux ukases du pouvoir lors de la (pseudo ?) crise covid : sa composition pourrait et devrait être modifiée sans difficulté pour plus d'efficacité et d'impartialité.

Le Sénat

Personnellement vue l'importance du budget social et ses implications, j'aurais volontiers imaginé de le transformer en Parlement Social en le fusionnant avec le CESE : devenu chambre de consultation, de propositions voire de décisions sur ce budget, le rôle actuel de la "vénérable Assemblée", quasi nul aujourd'hui, vestige perdurant on ne sait trop pourquoi, pourrait ainsi être revalorisé.

Le mille-feuilles administratif

Les départements pourraient être supprimés au plan de la représentation politique : budget contraint, réservoir de petits potentats locaux servant de pépinière à de futurs sénateurs, leurs compétences politiques chevauchent sans intérêt celles des communes et des régions (dont le redécoupage improvisé s'impose à l'évidence) : exit au plus tôt les conseils départementaux !

Reste à savoir que faire : 

je n'ai jamais compris pourquoi les députés de la NUPES entre 2022 et 2024 n'avaient pas proposé lors de leurs niches parlementaires la formation de la Constituante qu'ils appelaient déjà de leurs voeux - à juste titre - dans leur programme d'alors.Tandis qu'aujourd'hui s'étale sous nos yeux au quotidien depuis le 7 juillet le "coup d'Etat permanent" autrefois dénoncé par MITTERAND.

Le déni démocratique présidentiel n'étant plus supportable, à Lucie CASTETS et au NFP à imposer dès à présent leur vision dans l'espace public : annoncer la formation d'un gouvernement, les bases d'un discours de politique générale, proposer la formation d'une constituante. Et à la société civile à s'organiser pour les soutenir par les indispensables manifestations à venir, dans les plus brefs délais.

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