Selon le CREDOC, la classe moyenne se définit comme les « 50 % des ménages dont le revenu brut disponible n'appartient ni aux 30 % les plus modestes, ni aux 20 % les plus aisés ». En France, cela représente environ 38 millions de personnes gagnant entre 1428 et 2569 euros net par mois. Pour la commodité des calculs - tant l'importance des sommes en jeu à se partager donne le vertige - nous retiendrons ce chiffre de 40 millions de contribuables concernés. Qu'on en juge :
Deux milliards divisés par 40 millions, cela fait – mais c'est fou ! - 50 euros par personne (**) ! Cinquante euros, je ne rêve pas, Bibiche, tu entends ça, nous qui disions, inconscients que nous étions, du mal du Président, il nous offre cinquante euros chacun par an ! Et Bibiche de lui sauter dans les bras, l'entrainant les larmes aux yeux en une gigue effrénée. Mais devenant sérieuse derechef : Chouchou, qu'est-ce qu'on va faire de tout ce fric ? Pas le dépenser, tu as entendu B.LEMAIRE, rigueur, innovation, start-up. OK Bibiche, soyons start-up citoyens, on va investir dans la pizzeria au feu de bois qui vient d'ouvrir, il va nous tomber facile une pizza gratuite par an ! La classe moyenne va festoyer, l'économie est relancée, oubliés les 130 milliards de déficit commercial, on dit merci qui ? Merci MACRON !! Si ça ce n'est pas de l'investissement, je me fais gilet jaune !
On l'aura compris, après le poing dans la gueule du « il n'y a pas d'argent magique » (pour le public) et le délirant « quoiqu'il en coûte » par centaines de milliards (***) sans le moindre contrôle (pour le privé), c'est l'arnaque de l'année. Enfin bon, la seconde après la soi-disant réforme des retraites (pour un gain de 18 milliards en 2030 mais avec une montée en puissance d'ici là comptons au grand minimum 50 milliards au total, si les marchés et les agences de notation ne sont pas comblés, c'est à désespérer du capitalisme...)
À ce propos, E.BORNE commence à paniquer à l'approche du 8 juin, date d'examen du projet de loi loi visant à annuler le report à 64 ans de l'âge de départ. Elle estime déjà, en lieu et place du Conseil Constitutionnel, que ce projet serait contraire à la constitution, car entrainant un manque à gagner pour l'état, ce que ne peuvent proposer des parlementaires (qui peuvent par contre le voter sur proposition du gouvernement : pas assez responsables pour proposer, suffisamment obéissants pour signer aveuglément) Tout ceci est exact, sauf que le cas c'est déjà produit : des députés LREM ont déposé le projet de loi 4257 le 15 juin 2021 qui entrainait un manque à gagner. La solution est simple : ils prévoyaient à l'art.15 d'instaurer une taxe pour compenser ce manque à gagner, et Mme BORNE n'y a rien vu à l'époque d'anticonstitutionnel...
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4257_proposition-loi
Mais bon, tout peut s'arranger car pour les fameux 2 milliards ce sera – a rajouté le grand prestidigitateur « quand la trajectoire budgétaire le permettra » C'est à dire jamais. Bibiche et Chouchou peuvent donc renoncer à leurs dépenses somptuaires et leurs investissements royaux. Ce qui ne nous étonnera pas. En attendant, pas question bien entendu d'augmenter l'imposition des plus riches pour financer la transition énergétique (il faudra donc encore une fois emprunter, autrement dit augmenter les impôts de demain, quand E.MACRON et B.LEMAIRE seront repartis faire fortune dans le privé) En attendant, ce refus à la fois obscène et absurde économiquement ne pourra que rassurer Standard and Poor's, ce qui est quand même, convenons-en le plus important pour les français, en particulier les plus pauvres...
Ce qui nous étonne par contre c'est que toute la presse, tous les médias se sont emparés de l'information des « deux milliards » Ils l'ont même commentée, comme si elle était pertinente et véridique. Après un silence abyssal sur le quoiqu'il en coûte, cela en dit long sur l'état de déliquescence de nos moyens d'information, et l'état déjà bien avancé de décivilisation - pour le coup c'est vrai - vers lequel nous entraîne E.MACRON, lui qui ne manque pas une occasion de dénoncer « les actes inadmissibles de violence » dont il est le premier pourvoyeur ( mais n'est-ce pas là le meilleur marqueur de la pratique des pervers?)
La question dès lors, la seule qui vaille reste donc posée aujourd'hui plus que jamais : notre pays ne peut se permettre le luxe mortifère de supporter un tyranneau nuisible quatre ans de plus, tout doit être fait au moindre coût pour s'en débarrasser. Lui-même fait bien d'insister sur le risque de violence, car il EST la violence même dans tous ses comportements, dans tous ses dires. Et la violence appelant la violence, le risque est grand qu'elle finisse par s'emparer de la majorité silencieuse aujourd'hui tyrannisée comme jamais depuis des lustres.
Frédéric PIC
Pau
* dans une niche fiscale, qui sait ?
** soyons fous, imaginons que seuls 20 millions de personnes soient concernées, ce seraient 100 euros par personne, environ 2 euros par semaine: seul à ma connaissance « Le Télégramme » s'est donné la peine de faire le calcul, en prenant cette fourchette optimiste ...
*** pour la valse des milliards, que B.LEMAIRE l'a définitivement arrêtée à 240 (tant de modestie force l'admiration) pour couper court à tout débat. À ce sujet, on lira entre autres avec profit (si j'ose dire) :
- « la bataille de la Sécu » par Nicolas DA SILVA, éditions la Fabrique
- « Un pognon de dingue, mais pour qui ? » par Maxime COMBES et Oilivier PETITJEAN, au Seuil
- les-milliards-de-dollars-injectes-par-les-banques-centrales-durant-la-crise-ont-fini-dans-les-poches-des-milliardaires-en-grande-partie-avertit-oxfam-E2W3F6VCBJBPJLDHFO6HFTCZAY copie.pdf
- cet article de Romaric GODIN sur Médiapart du 01/12/2021 reprenant les chiffres d'une commission d'élu(e)s et de l'observatoire des multinationales estimant déjà l'aide apportée par l'état à 440 milliards (sans commter 300 milliards de prêts garantis qui bien entendu ne seron t pas tous en jachère, mais compte tenu que 2022 est passée par là , on voit bien que les 240 milliards évoqués par B.LEMAIRE relèvent de la galéjade :
une-commission-d-enquete-pour-lever-le-mystere-des-aides-publiques-au-secteur-prive.pdf
commission-enquete-aides-publiques-secteur-prive.pdf