Disons d'emblée que je ne me situe en rien au niveau des plaintes pour viol dont il est l'objet, tant il est malaisé de juger des années plus tard de ce qui a pu se passer dans une intimité à laquelle seuls les protagonistes ont eu accès. En l'occurrence les magistrats ont estimé déceler dans les nombreux récits des plaignantes – après les avoir écoutées et entendues - un faisceau suffisamment étayé et concordant d'arguments probants en faveur de sa mise en examen, attendons la suite. Mais nul doute que la scène tournée en Corée du Nord où il met la main sur une femme tout en tenant des propos pouvant être assimilés à du harcèlement sexuel – et donc délictuels - iront à l'appui de cette thèse.
Je m'en tiendrai donc aux faits : les propos rapportés par « Complément d'enquête » sont pour moi à la limite du soutenable, autant par leur grossièreté – inouïe, inqualifiable – que par le mépris manifesté non seulement envers le féminin au sens large, mais envers toute règle quelle qu'elle soit : paranoïa d'un qui se croit au dessus de toute règle, de toute loi. Et les déclarations et le soutien d'un haut personnage se croyant souvent lui aussi au-dessus des loi ne risquent pas d'arranger les choses : tous deux osent tout, c'est à ça qu'on les reconnaît.
Quant à la déclaration de JM.ROUART comparant les obscénités crachées par G.DEPARDIEU à de la gaillardise rabelaisienne bien française, elle est me semble-t-il une insulte à la littérature : si l'oeuvre créatrice de Rabelais est bien toute de paillardise, elle est une ode au joyeux, au vivant, au beau, au bon, au plaisir partagé, là où le logos de l'acteur relève du sale, du graveleux, du mortifère et de la bêtise à faire vomir. G.DEPARDIEU ici est pour moi gras de partout, au physique comme au discours. Il salit ceux qu'il touche, et qui n'en peuvent mais.
Pour ce qui est de DEPARDIEU icône de l'art, on a connu des acteurs et des actrices aux facettes plus fines et plus riches : là où d'autres se fondent dans tous les moules d'expression, G.DEPARDIEU à mon humble avis joue très bien d'un rôle, mais malheureusement d'un seul, sans besoin pour cela d'avoir à faire le moindre effort de création : le bof. Je ne l'aime pas comme acteur, et s'il est effectivement monstrueux, je ne vois pas ce qu'il aurait de sacré.
Je ne voudrais pas pour finir paraître moralisateur : la morale n'est pas une et absolue, mais multiple en fonction des cultures, des héritages et des histoires des territoires . Mais un terme peut-être peut s'y substituer : le respect des personnes et des choses. Et G.DEPARDIEU selon moi ne respecte pas grand chose, ni grand monde.
Frédéric PIC
Pau