Si Thomas HOBBES ne l'avait explicité, en affirmant que « l'homme est un loup pour l'homme », nous aurions bien fini par nous en apercevoir. Il tempérait certes cette assertion en assurant que cet état de nature pouvait être atténué par un travail de civilisation fondé sur un contrat social et l'acceptation de règles communes. Mais force est de constater que ce désir d'arrondir les angles en nous socialisant repose sur un équilibre fragile, et que partout et toujours règnent un fond de violences, d'inégalités, de prédation, d'injustices et de massacres d'où n'émergent que par périodes, ici ou là, des ilots de réconciliation sur un terreau de lucidité où la curiosité, la culture, le désir de comprendre nous font préférer au savoir-tuer un savoir-vivre allant d'actes forts de fraternité à la création artistique en passant par des plaisirs rabelaisiens ou simplement contemplatifs.
Aujourd'hui le fragile esquif qu'est l'espèce humaine paraît davantage investi par d'inconscients prédateurs menaçant de la naufrager et tout le vivant avec que par d'intelligents réformateurs soucieux de la stabiliser. Que faire alors ? À chaque étape dangereuse de son histoire, des géants se sont levés pour nous ramener à la raison. Face aux psychopathes narcissiques qui dévastent aujourd'hui notre monde, du Soudan à l'Ukraine, de Gaza à l'Afrique et aux Amériques sur fond d'abandon des règles communes et de soif maladive de pouvoir et de luxe sans limites, qui se lèvera ? Quel groupe, quelle force, quel mouvement aura cette lucidité ?
Au jour où HITLER entrait dans Paris, CHARLOT le vagabond, Charlie CHAPLIN le magnifique osait sortir son film « Le Dictateur ». Il paiera cet engagement et les suivants de la même eau d'une suspicion de « communisme » par quinze années de persécutions puis d'un exil forcé. Mais quelle gifle formidable à la bêtise, quel exemple enthousiasmant ! La puissance de la dérision face à l'hubris animale !..."Quelle connerie la guerre !" disait PRÉVERT, mais une guerre aujourd'hui nous est imposée, sournoise mais néanmoins réelle, et nous impose d'y répondre.
Au moins, déjà, par la parole. Ce qui n'est pas le cas de ceux que nous avons portés au pouvoir (pensons au pathétique "il ne faut pas humilier POUTINE " de notre blablateur président ) Puis par l'action, ne serait-ce que symbolique. Mais ce n'est pas la gardienne de l'orthodoxie illibérale Van der Leyen qui s'y risquerait) En acceptant enfin, collectivement, aussi peu que ce soit, de renoncer à notre confort douillet de consommateurs gavés et de dire haut et fort aux prédateurs qui nous menacent oui, vous nos ennemis et vous nos faux amis, puisque vous nous y contraignez, quitte à souffrir un peu, nous allons vous affronter . Saurons-nous le faire ? Il y va de notre survie civilisationnelle et peut-être de l'évitement d'une apocalypse guerrière qui déjà se profile.
Frédéric PIC
Pau