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Billet de blog 30 décembre 2020

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Soyons clair, ce programme de vaccination Pfizer n'a rien d'éthique

L' éthique en thérapeutique est avant tout la recherche du préférable à offrir à un individu CONCRET pour la plénitude optimale d'une existence dans le respect de sa dignité. Ce choix suppose réflexion et ne peut surgir qu'après information entière et sincère. Est-on bien sûrs que c'est le but recherché en proposant le vaccin Pfizer aux résidents en ehpad et à leurs familles ? Je ne le pense pas.

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Le séjour en ehpad n'est pas déjà en lui-même le summum à offrir d'une vie épanouie. Raison de plus pour ne pas en rajouter. C'est pourtant ce que nous avons fait lors de la première vague en abandonnant les résidents à la maladie, leur refusant d'un côté les services d'un hôpital surchargé pour cause d'incurie gouvernementale, de l'autre l'aide de la médecine de ville marginalisée et interdite de prescrire. Comme si cela ne suffisait pas, nous les avons souvent laissés glisser vers une issue fatale par le désespoir lié à la suppression de tout contact familial ou social. Le bilan de ce mépris tient en deux chiffres : les résidents en ehpad représentent 1,1% des français mais 30 % des décès dus au covid..

Avons-nous décidé aujourd'hui, avec le vaccin Pfizer, d'inverser cette politique de mépris ? Il suffit d'observer quelques éléments pour en douter : sa fiche sur le Vidal, la Bible officielle de l'analyse des produits thérapeutiques nous dit que « ...les résultats présentés ne peuvent pas confirmer l’efficacité de ce vaccin contre les formes graves de COVID-19ni contre les formes asymptomatiquesni chez les personnes de plus de 75 ans. » Pour un dispositif censé justement protéger comme cœur de cible les plus de 75 ans contre les formes graves, avouons que c'est mal parti. D'autant que la revue « Prescrire » (seul périodique médical non financé par les laboratoires pharmaceutiques) mentionne dans une analyse détaillée que « ... Ce résultat montre que cet essai n'a pas été conçu pour évaluer l'efficacité du vaccin chez les personnes âgées de 75 ans ou plus...» En clair, en ne recrutant que 2000 sujets de plus de 75 ans au sein de sa cohorte de 40 000 volontaires, Pfizer ne pouvait ignorer qu'il se privait de tout renseignement potentiel sur l'efficacité du vaccin sur les plus fragiles : pour se vendre, il valait mieux effectivement démontrer l'efficacité du vaccin sur les 6% de sujets qui en ont le moins besoin ( 94% des décès frappent les plus de 65 ans, 79% les plus de 75 ans)

Ces informations sont-elles clairement fournies aux résidents en ehpad ou à leurs familles ? Bien sûr que non. Elle ne sont même pas fournies au grand public, à qui l'on fait miroiter la vaccination comme un graal indépassable. Alors que l'Académie Nationale de Médecine par exemple en rappelait l'absolue nécessité dans un communiqué du 24 décembre : "Aucun acte médical ne peut être effectué sans le consentement de la personne qui en bénéficie. Ce principe s’applique sans réserve à la vaccination : sur la base d’une information claire, loyale et accessible, délivrée par le médecin, il revient à chacun de prendre librement la décision de se faire vacciner ou non". 


Rappelons que cette expérimentation Pfizer, non indépendante, a tiré ses conclusions sur 178 patients contaminés. C'est peu pour juger de l'efficacité, tandis que les effets secondaires n'ont été étudiés que sur deux mois. Écoutons à ce propos ce que disait le 23 novembre le Dr LAUNAY, membre du comité scientifique sur les vaccins covid : «  il faut vacciner en priorité les personnes les plus à risque de faire les complications de cette maladie».  Jusque là tout va bien, mais elle ajoutait cette phrase à mon sens assez terrible : «(ces personnes) pour lesquelles on peut accepter qu'il y ait des effets indésirables ». Autrement dit nous ne savons rien sur cette nouvelle technologie potentiellement dangereuse mais nous pouvons accepter ce risque pour des personnes dont nous ne sommes même pas certains qu'elles seront protégées. Si ce ne sont pas des cobayes, ça y ressemble. Bonne chance en tous cas aux médecins chargés d'expliquer en consultation de pré-vaccination en ehpad la balance bénéfice-risque pour un produit donc on ne connait clairement ni les bénéfices ni les risques pour cette tranche d'âge…

Ne polémiquons pas sur la nécessité ou non d'un vaccin , et surtout d'une vaccination de masse pour une maladie qui ne frappe vraiment qu'une frange de la population. Mais admettons qu'il faille vacciner, la bonne pratique est celle prévue dans la séquence Covireivac, que doit également chapeauter le Dr LAUNAY : nouveaux essais cliniques de tolérance et d'efficacité qualitative et quantitative permettant de tester sur plusieurs mois les vaccins actuels et surtout à venir, certains essais étant plus spécialement ciblés sur les plus âgés. Le problème est que ces études indépendantes à l'initiative des pouvoirs publics se heurtent aux réticences des laboratoires (« certains industriels -dit le Dr LAUNAY - ne souhaitent pas être évalués par d’autres laboratoires que les leurs avant l’examen de leurs demandes d’autorisation") Covireivac aurait donc dû précéder leur mise en circulation, alors quelles ne viendront qu'après ! (les volontaires sont déjà recrutés mais le feu vert sauf erreur n'est pas encore donné, sauf peut-être à Cochin pour le vaccin Pasteur)

Soyons clairs : le problème « covid » est ardu et il n'est pas question de critiquer pour le plaisir de critiquer. Le vaccin Pfizer et/ou d'autres seront peut-être efficaces et/ou utiles, et je m'en féliciterai le cas échéant. Mais le fait que le covid tue n'autorise pas à faire n'importe quoi dans la panique et le désordre, surtout si toutes les options possibles et sans danger n'ont pas été optimisées (création de lits, recrutement de personnel, testing honnête des options médicales hors de la pression des lobbies et l'on pense bien entendu à la mise à l'écart du protocole Raoult hors de toute rationalité médicale, etc..)

Si tous les patients ont droit au respect de leur personnalité unique et si l'éthique ne peut être compartimentée en fonction de telle ou telle catégorie, les plus fragiles sont à l'évidence ceux qui doivent le moins en être privés. Ce qui ne semble pas être le cas dans la séquence actuelle.

Frédéric PIC

Pau.

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