Appel pour une immense mobilisation unitaire européenne en solidarité avec les grecs.
Souvenons-nous. Souvenons-nous des calomnies lancées à l'encontre de ceux qui voulaient une autre europe, lors de la campagne du TCE. Nous n'avions rien compris au projet fantastique, au "progrès" qu'ils étaient en train de construire. Ils? ceux et celles qui allaient voter oui bien entendu, puisqu'on ne pouvait pas penser autre chose, à moins d'être un affreux nationaliste, comme nous l'ont expliqué jusqu'à la nausée la plupart de nos "élites" et de nos médias, sous l'oeil bienveillant des bureaucrates européens. Finalement rien de mieux que l'exemple, et quelle démonstration. Quelle europe pathétique vous avez construite sur le dos des peuples! Pathétique europe sur la scène internationale, pathétique europe sur le plan économique et social. Pathétique europe dans laquelle ne se reconnaissent que les banquiers et les marchés financiers.
Et pourtant, pour nous, citoyens européens, cela pourrait être une opportunité extraordianire, à condition de savoir la saisir. Une double opportunité même.
La première est d'ordre historique, la gauche française s'est construite, forgée autour de grande bataille en faveur des peuples contre l'injustice.
L'affaire grecque ne pourrait-elle pas devenir l'affaire Dreyfus de notre temps?
Une immense injustice, voilà le ciment qui manquait pour pousser toute la gauche à stopper les querelles intestines, pour s'unir dérrière un projet émancipateur. Et bien nous l'avons!
Injustice démocratique, d'une bureaucratie passée outre l'avis des citoyens européens qui voulaient justement éviter, par leurs votes, ce qu'il se passe actuellement. Injustice économique et sociale lorsque le sytème économique mondial a été sauvé sans que ceux qui l'avaient amené au bord du gouffre ne soient jamais inquiétés. La facture étant ensuite présentée aux peuples, qui non content de s'en acquitter sans broncher, doivent accepter qu'aucun changement structurel aux causes profondes n'ait été apporté, garantissant la certitude de nouvelles factures à venir.
Nous avons râté là une immense opportunité, la finance avait un genou à terre, nous aurions pu en changer les règles. L'opinion plublique semblait prête à accepter des mesures drastiques devant l'aberration économique et morale qui se dévoilait au fil des semaines. L'ampleur de la défaite ne se mesure qu'à l'ampleur de l'arrogance recouvrée en à peine 2 ans, du système financier se permettant le supême mépris de menacer des états, dont une partie de leurs dettes honnies a servi à lui permettre de surmonter la crise. Comble de l'ironie.
Injustice morale enfin, quand un ou bientôt des peuples sont montrés du doigt, alors que c'est une machinerie complexe élaborée patiemment, traité après traité, qu'il faut modifier. Triple injustice donc, qui n'a d'égale que la soumission dont font preuve les gouvernements nationaux et européens. Il n'y a rien à attendre de ces gens là.
La seconde est d'ordre institutionnelle. Les sujets de mobilisation sociale ne manque pas : éducation, salaire, santé, retraites... Les citoyens ne savent plus où donner de la tête. Et pourtant un point commun relie toute ces luttes sociales : ce sont les différents symptômes d'une même maladie, le néolibéralisme. Néolibéralisme institutionnalisé par le traité de Lisbonne, et dont l'UE s'est faite le défenseur acharné. Nous avons donc une occasion unique, un phénomène socioéconomique fédérateur pour tous les peuples européens, qui permette d'attaquer le mal à la racine, mal qui entraîne des effets tellement divers, qu'il provoque la dispersion des actions sociales.
J'en appelle à tous les partis politiques, de gauche bien sûr mais aussi tous ceux qui ne supportent plus l'europe actuelle, toutes les centrales syndicales, les intellectuels, les médias engagés, toutes les associations, bref tous les acteurs du mouvement social à travers l'Europe à organiser des manifestations unitaires dirigées non pas contre mais pour une autre europe en solidarité avec les grecs, englobant toutes les luttes sociales. D'autant qu'il ne faut pas oublier l'épée de Damoclès écologique suspendue au dessus de nos têtes, nous donnant un argument supplémentaire pour agir rapidement. Il ne peut y avoir qu'une réponse européenne aux grandes questions actuelles et eux seuls ont la capacité de rassembler, d'organiser le raz-de-marée populaire necessaire pour modifier le cours des choses. L'humanité a fait le premier pas en lançant une pétition (http://www.humanite.fr/APPEL-Il-faut-aider-le-peuple-grec). Nous devons aller plus loin et faire de l'Europe le coeur de nos combats sociaux.
Nous ne pouvons compter ni sur la commission européenne, ni sur le parlement européen impuissant, ni sur les gouvernements nationaux. Nous ne pouvons compter que sur notre immense force, lorsque nous sommes rassemblés. Le peuple grec doit se sentir bien seul en ce moment, comme devait l'être l'ex capitaine Dreyfus dans sa cellule de l'île du diable.
Alors allons-nous laisser les grecs se défendre seuls face aux "experts" de la finance mondiale? N.Sarkozy et A.Merckel représentent-ils les peuples français et allemand lorsqu'ils marquent au fer rouge le sigle de l'euro dans la chair grecque?
Je suis certain que non, et nous devons le prouver.
Sans voir des accords de Munich tous les mois, un mauvais préssentiment m'assaillit lorsque j'imagine une nouvelle faillite historique de la gauche française et européenne. La responsabilité serait grande, car l'inconscience et l'avidité d'une minorité associées à la complicité des autres, est en
train de souffler sur les braises de la colère populaire. Le feu prendra d'abord en Grèce, puis s'attaquera à l'Espagne et au Portugal avant d'embraser toute l'Europe. Des peuples n'ayant plus confiance en rien ni en personne, devant l'humiliation et l'injustice deviendront incontrôlables et basculeront dans la violence. Car c'est tout ce qui leur restera si aucun mouvement n'est capable de maîtriser et d'orienter la légitime colère qui bouillonne. Ne la laissons pas être instrumentalisée par ceux qui exaltent la haine.
Tous ceux et celles qui n'ont pas voulu du TCE ou du traité de Lisbonne n'ont pas disparu, ils se sont juste détournés de ceux qui se sont moqués d'eux. Mais ils sont toujours là tapis dans l'ombre des médias.
Parce qu'une Europe enfin reconnue par ses peuples est possible, attendons le signal et tenons-nous prêts.
Rajout : je viens d'apprendre qu'une réunion de préparation lancée à l'initiative d'Attac et à laquelle participera le PG, le PCF, et sans doute le NPA se tiendra ce soir à 20h. Elle a pour but d'organiser une action en France le 5 mai, en même temps que la grève générale prévue en Grèce ce jour là, ainsi que la préparation d'actions unitaires futures. Liens :
-pour Attac http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1169
-pour le PCF http://www.pcf.fr/spip.php?article4761
-pour le PG http://www.lepartidegauche.fr/editos/actualites/2590-en-solidarite-avec-les-peuples-europeens-victimes-des-banques-le-parti-de-gauche-appelle-au-rasemblementunitaire-du-5-mai