Nicolas Sarkozy a permis à la politique étrangère de notre pays d'atteindre des sommets. Il a réussi l'exploit de placer en 3 ans notre pays en tête de la nullité diplomatique, qui est dorénavant la risée des démocraties occidentales. Sans plus de réaction que cela. Serions-nous devenus insensibles au sarkozisme?

Sans conteste le plus bel exploit de notre gouvernement actuel, est d'avoir réussi non seulement à maintenir en poste un énième ministre englué dans un scandale, mais surtout d'avoir réussi à nous y accoutumer. Ceci en dit long sur notre asservissement et notre endurance aux vissitudes du sarkozisme.
Nous sommes tellement habitués à ces scandales à répétition, les Hortefeux, les Bertrand, les Woerth, maintenant les MAM et Fillon, que le gouvernement a au moins réussi quelque chose: la banalisation de la décadence et de la nullité. Tout cela nous semble presque normal, nous ne sommes même plus surpris. La démission est bien entendu hors de question, les postes des représentants de la république étant un dû comme chacun sait, inutile d'attendre autre chose qu'un remaniement programmé 1 an à l'avance avec les mêmes minitres mais à des postes différents.
Et le plus grave c'est que nous ne réagissons plus. Nous sommes assommés par ces"affaires" dont aucune ne semblent pouvoir être résolue, assommés par l'impunité et le cynisme dont ces gens-là font preuve.
Thomas Legrand avait publié un livre il y a quelques mois dans lequel il supposait que finalement Sarkozy était un président qui ne faisait que passer, que le peuple n'était plus dupe de ses méthodes, et en somme que nous l'oublierions vite. Edwy Plenel était contre cette thèse pourtant séduisante, et d'ailleurs peut-être visait-elle à tenter de minimiser aux yeux de son auteur les désastres de cette présidence qui heurte tellement, des français bien sûr mais aussi de nombreux étrangers. Or je pense que ce nouvel incident montre l'une des racines du sarkozisme, à mon sens l'une des plus profondes et peut-être la moins visible de ce régime: l'acoutumance des français envers l'intolérable en démocratie.
L'accumulation des "affaires", et les gaffes à répétition ne sont que les symptômes d'une incompétence générale accompagnée d'une immoralité

surprenante. Et cela abouti à une tolérance anormale, de notre part, et je pense que cela est très préoccupant. Nicolas Sarkozy, plus que ses prédécesseurs, a transformé la politique en un spectacle ridicule où viennent se gausser une partie de la bien-pensance.
Malheureusement, à l'instar d'Edwy Plenel, je pense que cela a des conséquences très profondes: sur notre peuple d'abord, dégoûté des politiques et surtout plus généralement déprimé. Il faudra beaucoup d'énergie pour ne serait-ce que réparer ces blessures et rendre de nouveau le peuple exigeant envers ses représentants.
Mais l'impact est aussi international où notre image est catastrophique, et je me rappelle d'une intervention d'Emmanuel Todd dans "ce soir ou jamais" le 21 septembre 2010. Il avait expliqué que Sarkozy nous faisait découvrir la honte d'être français, il avait vu juste, mais surtout que le sarkozisme était terrible d'un point de vu économique, car les image des différents pays comme celles des marques ont un rôle important dans le commerce globalisé et l'image de la France étant tellement ridicule, nos entreprises perdaient beaucoup de contrats. Toujours d'après Todd il faudrait des années pour étudier ce qu'avait réellement coûté Sarkozy à l'économie française. En clair qu'en plus d'être immoral, et contrairement à une façade qu'il s'est fabriqué, Sarkozy était néfaste à notre économie.
Pourtant les français ont la réputation d'être des râleurs, mais Sarkozy a-til réussi à nous anesthésier à ce point par la déferlante des déclarations et des scandales? Ou bien nous faut-il une dose toujours plus importante de scandales pour obtenir un effet et réagir enfin, serions-nous ainsi devenus des toxicomanes du sarkozisme?
L'affaire Tunisienne sera-t-elle celle de trop? je l'espère, mais ce président nous fait énormément de mal, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières et sans nul doute que l'analyse d'Emmanuel Todd se trouvera encore justifiée, la position de notre gouvernement durant les 2 révolutions méditerranéennes risque de nous coûter très cher sur tous les plans, et notamment en ce qui concerne la sécurité intérieure.
En cela l'article sur le basculement de la diplomatie américaine en 15 jours de Thomas Cantaloube, nous montre en miroir le pathétique de notre gouvernement: http://www.mediapart.fr/journal/international/110211/comment-obama-fini-par-se-resoudre-lacher-son-fidele-allie. Des conseillers qui donnent leurs avis, et un président qui tranche quand il faut lorsqu'il a suffisamment d'éléments, on en rêverait.
