Je ne reviens sur mon opinion concernant les sondages (ici et là). Mais je trouve formidable que tous les grands médias continuent d'en faire le point central de la politique française alors qu'en comparant les résultats de deux sondages différents d'un même institut, les conclusions sont incompréhensibles.
Il s'agit ici de l'institut BVA. Les deux sondages utilisés ici sont:
1- Intention de vote à la présidentielle de 2012 datant du 03 avril 2012 (ici), il s'agit de la plus récente étude d'intention de vote de cet institut
2- Critères de « présidentiabilité » et potentiel de vote des principaux candidats datant du 11 avril 2012 (ici) et sous-titré poussée spectaculaire de Jean-Luc Mélenchon.
D'après le 1er sondage mentionné voici les résultats attendus pour le premier tour:
D'après le second voici le "potentiel" de vote des 5 premiers candidats:
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Nous constatons immédiatement que d'après le deuxième graphique 34% des personnes interrogées se disent prêtes à voter certainement pour Hollande alors qu'ils ne sont plus que 28% à prétendre voter effectivement pour lui au 1er tour dans l'enquête d'intention de vote, soit -6%.
A contrario pour Sarkozy ils sont seulement 21% à dire vouloir voter certainement pour lui au 1er tour, alors que dans l'enquête d'intention de vote ce même candidat se retrouve miraculeusement à 27%, soit +6%. Le cas de Le Pen est pire encore puisque 8% des personnes interrogées disent vouloir voter certainement pour elle, mais elle se retrouve quand même à 15% dans les intentions de vote, soit + 7%. Bayrou quant à lui fait un bond de 3%.
En revanche pour Mélenchon c'est quasi identique, 13% disent vouloir voter certainement pour lui et il est à 14% d'intention de vote, soit un maigre +1%.
On pourrait objecter que dans le cas de Sarkozy et de Le Pen, des personnes qui disent seulement vouloir probablement voter pour ces deux candidats prétendent finalement voter pour eux lorsqu'on leur demande où irait leur préférence en cas de premier tour imminent. Ce qui aboutit à mettre les deux candidats de droite à leur potentiel quasi-maximum, toujours d'après cette même étude, en additionnant ceux qui vont certainement et probablement voter pour Sarkozy et Le Pen, soit respectivement 33% et 17% (intention de vote respectivement 29% et 15%).
Manifestement Hollande et Mélenchon n'ont pas le droit à autant de faveur, puisque soit BVA les laisse à leur niveau électoral le plus bas (Mélenchon), soit carrément BVA leur enlève des électeurs pourtant certains de voter pour eux (Hollande). En utilisant les mêmes calculs que pour Le Pen et Sarkozy, les scores se rapprocheraient alors de 50% pour Hollande et de 30% pour Mélenchon, ces scores n'ont bien entendu aucun sens.
Autre hypothèse les 6% qui étaient certains de voter Hollande ont finalement changé d'avis, ce qui montre la solidité de ce genre d'étude. Mais où donc se reporteraient toutes ces voix d'après l'étude d'intention de vote? Manifestement sur Sarkozy, Bayrou et Le Pen qui sont les seuls à véritablement progresser. Donc dans les électeurs néanmoins sûrs de voter Hollande il y en a une partie qui voterait en fait Sarkozy ou Le Pen si le premier tour avait lieu dimanche, donc pour la droite dure. Cela laisse pantois.
Conclusion ou bien les électeurs qui sont certains de voter Hollande ne le sont pas tant que cela, ou bien ils n'ont pas compris le rapprochement entre vouloir voter certainement pour quelqu'un et voter réellement pour lui au premier tour, ou bien les sondages sont parfaitement bidons et en réalité ininterprétables car on peut faire dire ce que l'on veut à ces enquêtes. Tout ceci n'empêche pas les "commentateurs" d'en faire la pièce maîtresse de leur "analyse".
Notons pour finir que ces deux sondages ont été financés par Le parisien/aujourd'hui en France.
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