Pour ceux qui se demandent encore s'il est très judicieux de confier à des institutions dépendantes du pouvoir (parquet,IGF) le soin d'enquêter sur les actions gouvernementales, Christian Estrosi a su dissiper tous les doutes. Dans une excellente interview ce matin, ce ministre de grande valeur a su rassurer la France en se portant garant de la transparence. On respire.
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Lorsque le journaliste Eric Delvaux demande au ministre de l'industrie, lors de la matinale de France inter, s'il n'y aurait pas "motif à s'interroger sur ces enquêtes confiées à des organismes officiels dépendant du gouvernement", la réponse est sans appel : "en tout cas pas aujourd'hui et pas sous ce gouvernement. Je peux le garantir il n'y a jamais eu autant de transparence que sous l'ère de Nicolas Sarkozy.". La réponse de C.Estrosi prouve sa subtilité, effectivement il admet que cela pourrait poser un problème pour un pouvoir moins scrupuleux, mais heureusement pour nous le gouvernement actuel est d'une telle honnêteté démocratique que le danger en est écarté, du moins provisoirement. Pourvu que cette chance dure le plus longtemps possible.

Nous pourrions par exemple ouvrir un poste de "garant de la république", poste sur mesure pour C.Estrosi ou F.Lefebvre, qui donnerait à ce garant la légitimité de nous expliquer s'il y a matière à s'inquiéter ou pas pour telle ou telle affaire, et s'il y a lieu de diligenter une enquête par leurs propres services, totalement indépendants bien sûr, ou non. La république irréprochable suivrait ainsi son cours inexorable.
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Ce qui ressort de cette interview, c'est la colère des auditeurs (qui fait plaisir à entendre bien qu'elle reste inefficace pour l'instant) interpellant le ministre de l'industrie lors des questions-réponses. Finalement il est difficile de savoir si les français se soucient ou non de cette affaire, puisque les auditeurs de France inter et à fortiori ceux qui interviennent ne sont pas représentatifs de la population générale. Les différents scandales, qui ont saturé l'opinion publique jusqu'à la nausée, nous auront surtout montré (pour ceux qui en doutaient) à quel point l'impunité règne dans ce milieu et cet épisode est peut-être regardé comme un simple chapitre dans la pathétique histoire politique française.
C'est sans doute la victoire la plus importante pour ces cyniques effroyables, le peuple est tellement écœuré qu'il ne réagit même plus à ce qui devrait le révolter. L'abstention est probablement une manifestation de ce mépris, mais comme elle n'a malheureusement aucune légitimité institutionnelle et qu'ironiquement elle profite justement à ceux qui la provoquent, la situation semble stagner.
Parce que grâce à l'aplomb incroyable, il faut le reconnaître, dont font preuve les différents porte-flingues du sarkozysme, il serait tout à fait possible que le gouvernement passe entre les gouttes sans que la lumière soit faite. En revanche que ce gang du fric roi ose, par dessus le marché, nous faire des leçons de morale et de déontologie en dit très long sur leur état d'esprit. Leur cynisme et leur culot n'ont pas de borne.
Que le gouvernement soit coupable ou non, le discrédit des hommes et des femmes politiques a atteint un degré tel (fruit d'un consciencieux travail de mensonges et d'hypocrisie depuis plusieurs décennies) que si les choses devaient rester en l'état, cela confirmerait la protection dont bénéficient les sangsues du pouvoir s'accrochant à leurs postes contre vents et marées, incitant les électeurs à ne plus se déplacer puisque cela ne "sert à rien".
Deuxième conséquence, et pas des moindres, le gouvernement se couperait encore un peu plus des français augmentant la sensation de perte de contrôle dans le destin de leur pays. Dans une période de crise, cela ne peut durer éternellement.
Détournement de la vie démocratique, colère, impunité, mépris du peuple, crise économique, ces gens-là sont des apprentis sorciers...