Le drame qui touche le peuple Haïtien est une nouvelle fois terrible, personne ne pourrait décemment le nier. Magrè tout je ne peux m'empêcher de ressentir un certain malaise devant la déferlente médiatique mis en place, et l'avalanche de bons sentiments de la "communauté internationale". Il me semble que ce drame est l'occasion rêvée pour certains de se racheter une conscience devant leurs opinions publiques respectives, bien aidés en cela par le relais que leurs procurent des médias compatissants.
Le traitement médiatique de ce drame humain, est une nouvelle fois écoeurant. On a le droit à des éditions spéciales toute la journée, avec interviews dramatiques, visions apocalyptiques "d'enfants pleurant devant les ruines de leurs maisons sous lesquelles gisent encore leurs parents", tout cela admirablement racontée par une voix off émue. Les mêmes informations tournent en boucle sur tous les supports, aucun média sérieux ne pouvant faire l'impasse de ce qui fait la une chez le concurrent. Cela peut se comprendre d'autant qu'il est normal que nous soyons informé. Ce qui l'est moins en revanche c'est la manière dont cela va se terminer, car c'est à chaque drame la même chose. La furie va durer 2-3 semaines, peut-être 10jours, puis une fois le filon bien épuisé, que toute la gentille communauté internationale aura eu son lot d'informations dramatiques, on passera à autre chose, sans traiter le probème de fond.
Il est curieux de constater que la même communauté semblait beaucoup moins s'émouvoir de ce pays lorsqu'il figurait "simplement" à la 149eme place de l'IDH. Elle se fiche tout autant du paludisme, de la tuberculose, de la dysentérie qui pourtant provoquent des millions de morts chaque année...
Alors pourquoi les catastrophes naturelles se vendent-elles si bien?
Peut-être parce que, pour une fois, l'homme n'y est pour rien. Il n'y a pas de multinationale refusant de vendre des traitements, pas d'arme fabriquée par les pays qui prônent la paix, pas d'interêt strategique à défendre, il y a seulement la nature. En clair il n'y a pas la possibilité de trouver une trace de culpabilité du côté des pays riches. Ils n'y sont pour rien. Encore que s'il y avait eu un effort pour lutter vraiment contre la pauvreté et les inégalités mis en place depuis des années, le problème aurait été sans doute différent en Haïti. Mais passons, pour les dirigeants des pays riches, c'est le moment de prouver son altruisme, on peut se lancer dans des déclarations grandiloquentes, des promesses d'aides "massives" (100 millions de dollars pour les seuls USA, combien de milliards pour sauver leurs banques?). Toute la grande famille de l'humanité se serrant les coudes pour sauver les Haïtiens, du moins tant qu'il y aura flash et caméras...
Cela me fait penser aux films apocalyptiques américains, lorsque des méchants aliens veulent envahir la planète, tous les êtres humains s'allient en oubliant leurs différences, pour sauver norte espèce. Ils sont alors les "gentils".
Or si l'on peut se réjouir de la réaction de la communauté internationale, prouvant ainsi que des activités de solidarité sont toujours présentes en germe pour peu qu'on les sollicite, l'hypocrisie des gouvernements est redoutable. Faisant l'impasse sur notre mode de développement provoquant des drames sur toute la planète, sur les coups d'états qui arrangent les interêts, les guerres illégitimes, etc, etc, ceux-ci tentent de faire oublier à leurs opinions leurs responsablités dans la non résolution de la plupart des conflits (sociaux, écologiques, armés,...) par manque de courage politque. Ils sont pour cela sur tous les fronts médiatiques, pas pour lancer une grande réflexion non, mais pour enchaîner les déclarations prouvant que nous sommes des "gentils", en nous préoccupant (temporairement bien sûr) des problèmes planetaires. Il suffit pour cela de jouer sur la corde sensible.
Et que dire de l'image que donne une nouvelle fois l'UE, certains pays revendiquant la "direction" des opérations (Espagne, France), au nom d'une certaine idée de l'histoire. Cette direction est elle-même revendiquée par la haute représentante de la politique extèrieure Mme Ashton, qui est censée représenter notre Europe au niveau international, quelle honte... On pourrait leur suggérer de créer une emission pour récompenser les meilleurs gouvernements, "les Haïti Awards" avec remise des prix par des survivants reconnaissants.
L'instrumentalisation de la souffrance haïtienne à des fins politiques et commerciales est répugnante.
Il n'est pas question de critiquer l'aide que nous devons apporter à ce pays en détresse, mais plutôt de signaler qu'encore une fois nous traitons le symptome et non la maladie.
Est-ce qu'un jour dans l'histoire nous pourrions infléchir le cours des choses autrement qu'en nous plaçant devant un drame accompli?