Il paraîtrait que les français seraient abasourdis par l'affaire DSK. A part quelques enquêtes d'opinion y a-t-il eu une consultation citoyenne qui permette de savoir ce que pense les Français?
Manifestement cela n'est pas nécessaire, puisque certains journalistes semblent habilités à déterminer ce que pense l'ensemble du peuple français. Ces même journalistes qui devaient se sentir tellement flattés, en toute objectivité bien entendu, d'être mis dans le secret d'une future candidature imaginent tout d'un coup que leur propre amertume est ressentie par "les français". Erreur classique du journaliste politique qui pense que tout le monde pense comme lui, ce qui lui permet d'éviter un argumentaire qui pourrait être parfois gênant. La vérité c'est que les médias dans leur immense majorité sont effectivement traumatisés par cette affaire, et donc elle est omniprésente dans les sujets traités, ce qui amène à une distorsion complète de l'analyse qui se résume à ce théorème : "si nous, journalistes intelligents et cultivés, sommes osédés par cette affaire alors tous les français aussi". Par la force des choses nous finissons effectivement par y penser puisque nous avons droit à la description des moindres faits et gestes de DSK dans chaque édition, mais l'ambiance générale me semble être une sorte de saturation devant l'accumulation médiatique plus ou moins sordide.
Dailleurs je suis assez surpris par la réaction de certains titres de presse américains que je juge carrément raciste dans cette affaire, insinuant que le viol serait presque naturel dans les moeurs françaises. Je trouve que ce point inquiétant a été peu souligné par les médias français, littéralement obsédés par des informations beaucoup plus importantes comme le fait de savoir avec combien de couverture dormait DSK.
Entre parenthèses il serait bon que les journalistes arrêtent de penser que les français ont les mêmes fantasmes qu'eux. Par exemple il me semble que "les français" sont beaucoup plus intéressés par les programmes plutôt que par les bisbilles entres éléphants, ou que par leurs histoires de fesses. Certes quand on fait partie du cénacle et que l'on est au milieu des coups tordus, cela doit être passionnant à analyser, mais faut-il encore considérer cela comme du journalisme politique?
En revanche le peuple français a un fantasme incroyable, ce n'était pas un DSK futur candidat/président déchu, c'est celui d'avoir des journalistes politiques qui l'informeraient régulièrement sur la politique de leur pays, en analysant les programmes et idées défendus par les différents partis (et pas seulement celui adoubé officieusement par la rédaction), qui arrêteraient de considérer le sondage comme seule source d'information et qui, cerise sur le gâteau, estimeraient que la marque de voiture ou la coupe de cheveux ne sont pas des informations politiques de première importance...
