Le Front de Gauche réunit 4500 personnes à Besançon, tout simplement renversant. Seuls les militants peuvent savoir ce que cela représente en termes d'engagement, de persuasion, c'est une récompense inouïe pour tous ceux qui se battent sur le terrain. Malheureusement après un petit tour médiatique ce matin, pas la moindre allusion. Par contre nous saurons par le détail que Hollande était à Toulon et que Sarkozy n'était toujours pas candidat.
C'est rageant, honteux, injuste, tout ce que l'on veut mais c'est malheureusement la vérité médiatique, si Mélenchon secoue un peu trop un journaliste ou le candidat PS, cela fera la une. En revanche s'il fait un grand discours devant une salle de 4500 personnes à Besançon (!) il n'y aura pas une ligne.
*
4500 personnes c'est pourtant magnifique, en plus beaucoup de jeunes d'après les images du meeting en direct. C'est exceptionnel. J'imagine quelles heures de travail cela a demandé aux militants de cette région pour obtenir un tel succès. Cela montre aussi que la dynamique du Front de gauche porte un espoir grandissant, en ces temps de dépolitisation massive quel bonheur de voir cette salle. Les trois orateurs l'ont dit, ils étaient galvanisés, moi j'en avais des frissons. Seuls les militants peuvent savoir ce que l'on ressent dans ces moments là, nous voulons réenchanter la politique, nous prouvons que cela est possible.
Il est tellement triste de savoir que les "militants" socialistes ont oublié depuis longtemps ce que valent ces instants. Nous sommes bien seuls dans la bataille pour sauver les services publics, les industries, les retraites et ce genre de soirée est une victoire pour nous, pour nos idées. A France inter ce matin, on parle du discours de Hollande à Toulon, je n'ai pas réussi à savoir devant combien de personnes et d'après mon expérience journalistique quand le nombre n'est pas mis en avant c'est qu'il n'est pas très glorieux, et de Sarkozy bien sûr. Nous aurons même droit à un extrait du discours du candidat PS, mais du Front de gauche nous ne saurons rien. L'exception une fois de plus c'est Médiapart qui fait sa une avec un article qui retrace justement la bataille militante menée par le Front de gauche.
*
Mais à lire les commentaires du billet un site, un article c'est déjà trop. Il ne leur suffit pas de constater l'exposition médiatique proprement démentielle dont jouit Hollande, il faudrait en plus que le seul média d'ampleur nationale qui couvre le Front de gauche honnêtement (et le PS aussi il faut bien l'admettre) se conforme à la ligne éditoriale nationale. C'est terrible les socialistes ont tellement l'habitude que les médias fassent campagne pour eux, que la moindre allusion au Front de gauche est interprétée comme un défi, voire comme une preuve de l'inclination politique du média en question. Pour eux il est devenu normal que Hollande soit présenté partout comme le futur président, que la moindre de ses interventions soit reprise par tous les médias du soir au matin et du matin au soir. L'intoxication est dangereuse et rappelons que cette vision de l'élection repose sur un raisonnement journalistique basé uniquement sur les sondages.
*
Lors du congrè du PS de Reims en 2008, au moment du dépouillement des bulletins on peut voir un Mélenchon désabusé de constater que la motion qu'il défendait sur le terrain avec ses militants est derrière celles des ténors qui remportent la victoire sans avoir eu à mouiller la chemise. C'est la goutte d'eau, il quittera le PS dans la foulée. Que de chemin parcouru depuis. En y repensant c'est incroyable, qui aurait cru qu'il serait candidat à l'élection présidentielle 4 ans après à la tête d'un rassemblement politique regroupant la plupart des partis anti-libéraux?
Personne et certainement pas les médias dominants qui se gaussaient de la création d'un énième parti de gauche. Tout comme les socialistes trop sûrs d'eux. Il ne s'agit plus d'une bataille interne, dorénavant nous sommes devant le jugement des français, ce sont eux qui choisiront et la main-mise des ténors socialistes n'y suffira plus, c'est le militantisme et les convictions qui nous départageront. En lisant l'article de Rachida El Azzouzi je me rends compte que cela me rappelle fortement ce que les militants du Front de gauche vivent également en Limousin. Cela me conforte, ce ne sont pas des élucubrations, des interprétations de notre part. Manifestement quelque chose est en train de se passer autour du Front de gauche, au nez et à la barbe des médias dominants. Comme en 2005.